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Guérisons cachées et dévoilées (Marc 5,21-34)

Voici deux récits de guérison si étroitement associés que l’un est imbriqué dans l’autre. C’est l’histoire de la supplication envers Jésus, d’un homme pour sa fille, interrompue par l’intervention d’une autre femme, elle-même en demande de guérison.

Magnifique contraste, avec d’une part, Jaïrus, chef de la synagogue, important et connu, et de l’autre, une femme anonyme, hémorragique, mise au ban de la société à cause de son infirmité et de la loi religieuse.

Jaïrus se jette aux pieds de Jésus et l’implore : « Viens imposer les mains sur ma fille malade, pour qu’elle guérisse. »

Au même moment, la femme anonyme s’approche discrètement de Jésus et arrive à toucher son vêtement, avec cette conviction insensée que ce sera suffisant pour être guérie. Et aussitôt son hémorragie cesse. Guérison invisible de l’extérieur, seulement perceptible par la femme concernée. Mais Jésus demande : « Qui a touché mes vêtements ? » La femme se dénonce. Jésus lui répond : « Ma fille, va en paix, ta foi t’a sauvée. » Pourtant, cette guérison ralentit la progression de Jésus. La situation s’aggrave confirmée par les funestes messagers de Jaïrus : « Ta fille est morte, ce n’est plus la peine d’importuner le maître. »

Mais la réponse de Jésus est tout autre. Il lui dit : « Ne crains pas, crois seulement. » Jésus se rend au chevet de la fillette et lui dit « Talitha koum », « Jeune fille, lève-toi ! »

Indépendamment de leurs milieux sociaux, et bravant les interdits religieux, Jaïrus et la femme hémorragique ont le même recours : oser s’avancer vers Jésus. Mais lui, est invité à faire confiance, là où la femme a fait confiance d’elle-même, en touchant le vêtement.

Jaïrus, à la fin de l’intervention de Jésus sur sa fille, retrouve sa place de père auprès de sa fille. La femme, elle, retrouve sa dignité et une possibilité de renouer des relations, quand Jésus lui parle en l’appelant « ma fille ». Jésus la relève et lui redonne la parole en la questionnant. Elle peut s’expliquer. Et elle part en paix.

La fillette quant à elle, ne s’exprime pas. Mais elle se lève et reprend sa vie quotidienne. On lui donne à manger.

Au fond, il y a trois personnages et trois guérisons complémentaires, avec un point commun : la rencontre Schaefferavec Jésus. Jésus rejoint chacune de ces personnes là où elles en sont, avec une parole leur permettant de rompre avec leur passé. Adressée personnellement, cette parole les libère et les redresse.

Redresser, éveiller, mettre debout, ce sont autant de termes pour évoquer la résurrection. Car c’est bien de résurrection qu’il s’agit et dans tous les sens du terme. Non seulement dans le fait de revenir de la mort à la vie comme la fillette, mais d’être libéré des liens qui emprisonnent, de s’affranchir du regard des autres, de franchir les barrières sociales, de faire tomber les murs de séparation imposés par l’éducation familiale, religieuse, le manque de confiance en soi, les préjugés, les tabous liés au comportement masculin ou féminin. Ici, chacune de ces personnes reçoit une parole qui l’invite à se mettre en route.

« Ne crains pas, crois seulement » dit Jésus à Jaïrus, désespéré.

« Va, ta foi t’a sauvée » dit-il à la femme hémorragique, entre-temps, guérie.

« Jeune fille, lève-toi ! » dit-il à la fillette, retenue par la mort.

Laquelle va nous aider à sortir de nos prisons personnelles ? Laquelle va réussir à arrêter nos hémorragies internes, qu’elles soient de sang ou de solitude ? Laquelle va faire naître en nous un élan de foi, une confiance qui nous manque ? Trois possibilités de recevoir cette Parole s’offrent à nous :

Nous laisser rejoindre, comme Jaïrus, par une parole de Jésus, qui nous autorise à nous jeter nous aussi à ses pieds, de tout notre être. Ce sera alors un appel à faire confiance au-delà de ce que nous espérons et souhaitons.

Essayer de nous frayer un passage jusqu’à Jésus, comme la femme hémorragique, afin de toucher, chacun à notre façon, le pan de son manteau, dans un geste ultime, discret, à la fois désespéré et plein de conviction.

Et pourquoi ne pas entendre pour nous-mêmes cette parole que Jésus adresse à la fillette : « Allez, lève-toi ! Ta nouvelle naissance est à ce prix ! »

Et si la quatrième guérison était la nôtre ?

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À propos Agnès Adeline

est pasteure de l’Église protestante unie de France à Paris (Oratoire), et aumônier à la Maison d’arrêt de Paris la Santé

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