Tel aurait pu être le sous-titre du dernier ouvrage de Bruno Gaudelet. Ce livre s’adresse tant à des fidèles qui veulent sortir d’un catéchisme souvent basique et stérile qu’à ceux qui veulent, de l’extérieur, connaître mieux le contenu de la foi chrétienne. Mais pourquoi parler du Credo, si peu en odeur de sainteté chez les libéraux ? Justement parce qu’il demeure une référence historique, qu’on le récite comme un perroquet ou qu’on le combatte… Mais surtout, l’auteur évite justement cette polémique du « pour » ou « contre ».
Le Credo est une fixation importante de la foi chrétienne. En le revisitant, Bruno Gaudelet nous invite à trois étapes : recontextualiser les affirmations du Credo par rapport aux textes bibliques, recontextualiser ce texte dans sa période d’élaboration, recontextualiser la réception de ce texte dans nos catégories contemporaines. Et l’objectif est atteint. C’est un véritable ouvrage de référence, une forme de « catéchisme » pour adulte, mais sérieusement dépoussiéré. Car la poussière, nous l’avons effectivement rajoutée souvent dans l’histoire chrétienne. En prenant ainsi du recul historique, on perçoit l’évolution des mentalités et des connaissances, mais aussi la construction de nos clichés, d’hier et d’aujourd’hui.
Par exemple, des notions de « Père » ou de « Seigneur » nous renvoient à des images détestables de despotisme ou de paternalisme suranné. Mais l’auteur nous montre que l’on peut précisément, par cet effort de recontextualisation, comprendre différemment ces notions pour aujourd’hui.
De la même manière, nous redécouvrons que des notions telles que la toute-puissance ont dérapé, en se transplantant « du terreau juif au terreau gréco-romain », vers une forme de despotisation de Dieu et de divinisation extrême du Christ. L’apport de la science nous donne aussi un nouvel éclairage sur nos compréhensions de la Création. Plutôt que de s’opposer à toute modernité comme le font nombre de fondamentalistes protestants, l’auteur intègre ces progrès pour nous aider à repenser la foi chrétienne comme autre chose qu’un archaïsme culpabilisant et antihumaniste. Une mention spéciale sur deux chapitres : celui sur les discours de l’après-vie, dont l’auteur est un spécialiste reconnu ; et celui sur le Saint-Esprit, où il développe un discours positif, argumenté, biblique, sans laisser ce domaine aux seuls exaltés charismatiques. Il n’élude jamais les questions difficiles : je vous renvoie à son explication du « péché contre l’Esprit », seul péché « impardonnable » selon les évangiles… En nous invitant à « repenser la Révélation » au travers de sa lecture du Credo, il nous invite aussi à reformuler des credo pour aujourd’hui, loin de ces textes anciens : une foi pour ici et pour maintenant, nourrie de cet héritage critique du passé. Un ouvrage de surcroît bien écrit, clair et pédagogique ; idéal pour l’étudier en groupe ou seul chez soi. u
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