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La lutte des classes n’aura pas lieu Marc 5,21-43 ; Luc 8,40-56

 

N8-2006-10-13-006Nous connaissons bien cette histoire de Jésus qui, revenant de l’autre côté du lac de Tibériade, traverse la foule pour aller guérir la fille de Jaïrus, tandis qu’une femme atteinte d’hémorragies lui tire sur le manteau par-derrière pour guérir, elle aussi.

Tout oppose ces deux femmes en détresse, rassemblées seulement ici dans une même histoire. Probablement, ne se sont-elles jamais rencontrées. Celle qui perd son sang est malade. Et, selon la tradition juive de l’époque, elle est impure et le sang perdu de façon anormale a quelque chose à voir avec la mort. Sans doute a-t-elle beaucoup péché. Elle est exclue de la société, elle ne peut plus voir personne, encore moins toucher quelqu’un. Et en plus, elle est appauvrie par tout ce qu’elle a dû donner aux médecins qui ne l’ont même pas guérie. Elle n’en peut plus de souffrir.

Au contraire, Jaïrus est chef de la Synagogue, président du Conseil des anciens, homme respectable s’il en est et très en vue dans la région. Il est très pieux et appartient à l’élite. Il a des serviteurs qui s’occupent de toute sa famille. Il n’est pas gêné pour s’adresser à Jésus et lui demander instamment de venir dans sa maison, même si Jésus doit traverser la foule et risquer d’être étouffé. Il pense être en situation de s’approprier le maître pour quelques heures, de l’avoir pour lui et pour sa fille mourante.

L’autre femme, qui n’a plus rien que ses pleurs, ne peut inviter Jésus nulle part pour l’avoir avec elle. Elle ne peut même pas lui demander de la regarder. Aussi,elle risque le scandale, en se mêlant à la foule, en la polluant de son impureté et en approchant Jésus par derrière, sans rien oser lui demander. À sa manière, elle s’empare aussi de Jésus. Mais elle le retarde.

Douze ans que la fille de Jaïrus vit dans l’insouciance de la jeunesse et douze ans que, pendant ce temps, la femme âgée souffre en perdant son sang et son argent. Mais elles approchent toutes les deux de la mort. Le temps presse. Une lutte contre la montre est engagée. Si dans la foule celle qui perd son sang retient trop longtemps Jésus, l’autre va mourir. C’est l’une ou l’autre. Il faut choisir. Celle qui est au ban de la société ou celle qui a un père au sommet de l’échelle sociale.

Mais Jésus ne choisit pas, car les deux ont la foi en Dieu ; elles font confiance à Jésus qui s’est déjà occupé de tant de malades et de tant de malheureux. Il les guérit toutes les deux, il les sauve. Rien que de toucher son manteau, la femme se sent beaucoup mieux, tant sa foi est grande. Et la jeune fille qui a eu le temps de mourir en attendant Jésus, n’est plus morte quand il s’approche d’elle.

Ainsi la confiance qui sauve ne dépend pas des contingences du temps, de l’ordre des rencontres. Elle ne court pas contre la montre. Elle traverse les classes sociales. Elle se moque de l’impureté. Elle se perd dans la foule, elle va chez les uns et les autres. Elle s’empare des pauvres gens et aussi des notables. Tous ceux-là qui comprennent que ce Jésus dit vrai lorsqu’il prêche la compassion

 

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À propos Henri Persoz

est un ingénieur à la retraite. À la fin de sa carrière il a refait des études complètes de théologie, ce qui lui permet de défendre, encore mieux qu’avant, une compréhension très libérale du christianisme.

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