Un Français républicain peut-il observer le monde sans les lunettes de la révolution française, dont la plupart des pays seraient redevables ? Cet ouvrage sur la révolution anglaise nous décentre fort utilement de 1789 qui n’est ni le seul, ni le premier événement politique à avoir posé les fondements de nos sociétés actuelles. Un siècle et demi avant les États-Unis et la France, l’Angleterre se métamorphose de manière à pouvoir devenir la grande puissance qu’elle sera ensuite.
Bernard Cottret, un historien auquel nous devons non seulement une histoire de la Réforme et de la révolution américaine, mais aussi des biographies, de Calvin à Marx, est un spécialiste de l’univers anglosaxon. Situant les premiers éléments de changement à la mort d’Élisabeth Ire en 1603, à laquelle succédera le roi James (Jacques Ier), l’auteur nous entraîne dans une histoire qui nous mènera jusqu’en 1660 à la Restauration, faisant suite à l’épisode Cromwell, qui meurt deux ans plus tôt, la République avec lui. L’auteur nous fait découvrir l’entrelacs des convictions religieuses, des alliances familiales, des soifs de pouvoirs et des intérêts personnels. Ces petites histoires produisent une grande histoire qui structure les relations entre Angleterre, Écosse et Irlande où le conflit entre protestants et catholiques est déjà actif. La tension avec les voisins européens, dont l’Espagne qui est alors en position de force, est palpable. L’auteur fait de cela une matière pour penser le politique, n’hésitant pas à faire des allusions à une histoire plus contemporaine. Sur le plan théologique, c’est l’occasion de croiser les anglicans, les puritains, les arminiens, le presbytérianisme écossais. Il termine par une démythologisation du genre « révolution » qui nous rend plus attentifs aux lectures de l’histoire si souvent construites à partir de nos propres pensées.
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