l’évangéliser. Tant de crimes ont été commis en son nom ! Dieu est un condensé de fantasmes : ceux de nos désirs de toute- puissance et de nos esprits de vengeance. C’est le cache-misère de nos ratio- nalités chancelantes, le mot de la fin quand on est à court d’explications. C’est l’arme du faible et du couard, du fort et du guerrier, lorsqu’ils n’osent plus se battre par eux-mêmes. Les Réformateurs ont présenté leur Dieu comme celui d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, comme ce Dieu biblique, qui se raconte. Ce n’est plus le Dieu de l’équilibre et de la grande horloge. Ce n’est plus le Dieu de la nature et de la fertilité renouvelée. Ce n’est plus le Dieu de la raison et du raisonnable, qui donne son sens à ce qui est. Le Dieu de la Bible est tout à la fois lumineux et obscur, aimant et capricieux, il est celui qui libère et oppresse, c’est le Dieu du déluge et de la création, le divin et le diabolique réunis. Mais ce Dieu, même Bible en main, reste bien trop dangereux pour en user sans modération. On dit qu’il aime ceci mais vomit cela, qu’il bénit les uns et maudit les autres, qu’il nous veut ainsi, nous préfère comme cela. Mais que de bavardages hantent les prédicateurs de tous poils ! Oui, il nous faut évangéliser « Dieu ». C’est-à-dire en parler dans les mots de Jésus. Non pas l’homme du mythe, celui de la naissance virginale, de la mort expiatoire et de la résurrection miraculeuse, une idole de plus, mais l’homme de la Parole : celle qui nous apprend que Dieu est le oui magistral accordé à l’humanité. Jésus, c’est le oui de Dieu. Le oui à qui ? Aux prostitué(e)s et aux mécréants, aux pestiférés et aux exclus. À tous ceux qui ne sont plus rien. À nous, lorsque nous pensons n’être plus rien. Dieu, c’est ce oui qui nous met debout et qui croit en nous. Passionnément. Obstinément. Même quand tout chancelle. C’est le Dieu de Pâques.
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