En 1995, Philippe Gentil crée Voyageur immobile, déambulation poétique d’un solitaire confronté à ses rêves. Désormais au pluriel, ces nouveaux Voyageurs partent en 2010 se confronter à leur désert et à l’absurdité d’un monde que l’auteur et metteur en scène peint entravé par les emballages – carton, plastique, papier – dont notre société enrobe tout objet. Lieu du rêve, de la féérie et du conte cruel, le théâtre, pour ce jeune monsieur de 72 ans, n’a cessé d’être le terrain de ses jeux d’esprit mis en forme par les plus adroits subterfuges, les plus spectaculaires prouesses. Toiles peintes, mer déchainée, sables mouvants, boites infernales, volcan en éruption, brouillard enrobant, marionnettes humaines et monstres de bois traduisent les fantasmes d’un sage, les péripéties d’un inventeur, la névrose collective d’un univers déjoué où la raison et la folie cheminent bras dessus, bras dessous, progéniture siamoise de notre inconscient. Philippe Gentil relit Freud à grands effets de bébés ricaneurs et de papier mâché. On s’émerveille sans compter dans cet océan d’illusions montées en neige, souvent décousu, désopilant et qui laisse égaré, un peu sonné mais la tête prête la nuit suivante à guetter en embuscade toutes les interprétations de nos rêves.
Voyageurs Immobiles, de Philippe Gentil, au Théâtre du Rond-Point à Paris jusqu’au 27 juin 2010, www.theatredurondpoint.fr, en tournée nationale et internationale la saison prochaine.
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