Film franco-tchadien de Mahamat Saleh Haroun avec Youssouf Djaoro, Diouc Koma, Hadjé Fatimé N’Goua, Djénéba Koné. Durée : 1h32.
C’est le Tchad d’aujourd’hui, pays en proie à la guerre civile avec des rebelles armés qui menacent le pouvoir. Adam, ancien champion de natation est employé comme maître nageur à la piscine d’un hôtel de luxe à N’Djamena. Il a la soixantaine aussi la nouvelle direction l’oblige à laisser sa place à son fils ce qu’il vit assez mal. Le gouvernement exige de la population un effort de guerre accru. Adam est alors de plus en plus harcelé par le chef de quartier mais il n’a pas d’argent, il n’a que son fils et il le livre à l’armée. C’est alors le drame familial qui va se dérouler sous nos yeux.
Pour son 4ème film, le réalisateur Mahamat Saleh Haroun traite à nouveau de la complexité des rapports père/fils avec en arrière plan, cette terrible guerre civile qui par intermittence fait frémir les personnages et le spectateur avec eux. La mise en scène est épurée : de longs silences, pas ou peu de mouvements de caméra, le bruit du vent et la poussière, des plans statiques qui font penser aux scènes tragiques d’Ozu ou une multitude de petites séquences en ellipses, souvent des moments de désespoir au centre desquels se débat la figure du père. Comment en est-il arrivé là ? « Ce n’est pas moi, c’est le monde qui a changé » se défend-il. Déchiré entre la culpabilité potentiellement parricide et le silence de Dieu, Adam se met alors en quête d’une voie vers le pardon. La fin est d’une force émotionnelle intense.
C’est un film magnifique qui méritait le prix du Jury à Cannes.
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