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Tête de Turc

Dans une cité, une jeune femme promène son bébé. Des policiers arrivent brusquement, maîtrisent la femme qui se débat vigoureusement et la mettent dans leur véhicule. Il ne s’agit pas d’une bavure policière car le landau est rempli de drogue, cependant un attroupement de jeunes gens se forme immédiatement. Ils jettent des pierres sur les véhicules y compris sur celui d’un médecin en visite qui reçoit en plus un cocktail molotov. Pendant ce temps une femme agonise attendant la venue de ce même docteur. L’affaire se complique car le jeune Bora qui a lancé le cocktail est celui qui sauve le docteur de l’incendie. Il sera un héros pour les uns, un traître pour les autres.

  C’est un drame stupide mais ordinaire qui déclenche une réaction en chaîne et aboutit à une tragédie : le policier responsable obsédé par la recherche de l’incendiaire, une mère dépassée mais qui se bat pour élever ses enfants, un homme entre la vie et la mort, un autre qui veut se venger du décès de sa femme, le tout dans un regain de tension entre les immigrés arméniens et turcs. Bora, lui, est pris au piège : faire plaisir à sa mère et accepter la médaille en cachant sa culpabilité et en risquant de se faire tuer par sa bande ou briser la loi du silence, se dénoncer, soulager sa conscience et libérer le frère de son meilleur ami, accusé à sa place.

  Pascal Elbé s’est inspiré de faits divers issus des émeutes de 2006 (l’agression d’un médecin urgentiste par une bande de jeunes « à capuches », une fille brûlée vive par des jeunes qui n’avaient pas la moindre conscience de leurs actes). Il fait preuve d’une très grande qualité d’écriture et de mise en scène et réalise une fresque sociale réaliste en éveillant les consciences sans faire de discours moralisateur. Il s’intéresse surtout aux retombées intercommunautaires dans les cités et au rôle des médias qui instrumentalisent les délits mais délaissent souvent l’origine des problèmes causés par la mixité sociale. Le spectateur est tenu en haleine par la tension qui se crée autour des protagonistes pris au piège de leurs conditions et de leurs comportements.

  Avec ce très bon premier film, Pascal Elbé fait preuve de talent et nous espérons qu’il poursuivra.

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À propos Pierre Nambot

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