Le Christ philosophe

   Frédéric Lenoir s’intéresse essentiellement à ce qu’il appelle la « philosophie » du Christ plutôt qu’à son enseignement spirituel. Pour l’auteur, cette philosophie est surtout une éthique : amour inconditionnel de l’autre, égalité entre tous les individus, séparation entre les pouvoirs politiques et religieux. Pourtant, depuis l’avènement de l’empereur Constantin au IVe siècle, l’Église s’est corrompue au contact du pouvoir politique. Elle a agi à l’inverse de la philosophie du Christ en opprimant les consciences notamment par les Croisades et l’Inquisition. L’éthique du Christ s’est pourtant imposée dans la société occidentale, malgré l’Église, grâce aux philosophes des Lumières. Ces derniers ont réussi à la laïciser et à l’universaliser.
On peut seulement regretter dans l’ouvrage quelques raccourcis que l’auteur fait sur le protestantisme. Par exemple, il interprète l’élection de Claude Baty à la présidence de la Fédération Protestante de France comme un repli identitaire du protestantisme français vers un évangélisme de type américain. Cette affirmation mériterait certainement d’être nuancée. Hormis cela, Le Christ philosophe est particulièrement convaincant. Il mérite d’être lu pour son sérieux et sa solidité intellectuelle.

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