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La Rafle

La réalisatrice suit le parcours de plusieurs familles juives de Montmartre dans les premiers jours de l’été 1942. Dans l’ensemble confiantes et même insouciantes, ces personnes pensent que, dans le pays des droits de l’homme, rien de grave ne peut leur arriver. Mais les arrestations se multiplient, femmes, hommes et enfants sont emmenés par la Police Française et parqués au stade olympique du Vélodrome d’hiver. 7 000 personnes furent ainsi retenues prisonnières pendant 5 jours dans des conditions sanitaires épouvantables puis dirigées vers le camp de Beaune-la-Rolande dans le Loiret. Le calvaire continue, tous furent entassés comme du bétail dans des wagons de marchandises pour être dirigés vers les camps d’extermination. Beaucoup ignoraient ce qui les attendaient et pensaient aller en Pologne pour être affectés au travail forcé.

La caméra filme les conditions effrayantes dans lesquelles se trouvent ces malheureux. Les prises de vue sont de faible hauteur pour montrer ce que percevaient les enfants ; la stupeur du spectateur est décuplée. Les souffrances et l’horreur sont affichées : la faim, la soif, l’absence totale d’hygiène, la douleur des malades, la violence subie, les suicides, les comportements de survie aux instincts primitifs … Apparaissent aussi le cynisme d’Hitler et des dirigeants de Vichy (Pétain, Laval, Bousquet…), l’antisémitisme des jeunes doriotistes qui viennent prêter main forte aux policiers et aux gendarmes français… Dans ce cauchemar quelques lueurs d’humanité apparaissent : dévouement du personnel médical : Annette Monod brillamment interprétée par Mélanie Laurent, le docteur par Jean Reno, Joseph Weismann enfant par Hugo Leverdez, le père juif du petit Jo par Gad Elmaleh…

Cette reconstitution historique privilégie la mise en condition du spectateur. Elle joue sur son émotivité, sa sensibilité et son imagination, multiplie les angles de vue et nous soumet à une surabondance de scènes. Tout en le regrettant, les cinéphiles ne peuvent ignorer l’utilité pédagogique de cette œuvre. Il s’agit du premier film français qui aborde de face le scandale du Vel d’Hiv et la mécanique morbide orchestrée par les Nazis avec la complicité de l’Etat français pour exterminer la communauté des juifs « étrangers », dits « apatrides ». Ce film apporte une forte contribution au devoir de mémoire et nous rappelle que, de nos jours, d’autres génocides se perpétuent.

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À propos Pierre Nambot

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