La plupart de nos contemporains tournent le dos aux Églises chrétiennes car le langage qu’elles parlent est incompréhensible, et le Dieu qu’elles présentent n’est plus crédible ; des termes importants de la prédication, comme « la grâce », « le péché » ou « le salut », ont perdu leur sens. Dans un livre qui vient de paraître (Dieu en procès, éd. de l’Atelier) Raphaël Picon rappelle : « Au cours du XXe siècle les théologiens « dits du Process » se sont tout particulièrement attelés à la tâche de repenser l’articulation si problématique entre Dieu et le monde. » ; mais ils sont peu connus en France. J. S. Spong est un des théologiens qui cherchent à traduire le message évangélique pour qu’il soit accessible à tous aujourd’hui. Jésus de Nazareth parlait le langage de ses contemporains, un langage simple que des gens simples pouvaient comprendre ; les images qu’il utilisait étaient adaptées à la société agricole et religieuse dans laquelle il vivait. Deux mille ans après il est évident que la société a changé, le vocabulaire a changé, la pensée philosophique a évolué, la science a progressé de façon radicale. Il n’est plus crédible de prendre à la lettre l’histoire du Dieu descendu du ciel pour s’incarner en un homme dont la mort sacrificielle s’avèrerait capable, pour des raisons mystérieuses, d’obtenir de ce même Dieu qu’il pardonne les péchés de l’humanité avant de retourner au ciel. Autre exemple : le credo adopté en l’an 325 au Concile de Nicée, convoqué par l’empereur Constantin pour régler l’hérésie arienne (le Fils est-il de même « substance » [!] que le Père ?). On peut légitimement se demander pourquoi l’Église utilise encore ce langage et cette problématique tellement périmés qui ne disent plus rien de nos jours. L’erreur des fondamentalistes est de penser que la « forme » est identique au « fond ». Pourtant « on ne peut jamais entièrement séparer la forme et le fond. Quand nous nous demandons “Comment parler de Dieu ?” en fait la question, au-delà du langage, porte sur son être luimême », comme l’écrit André Gounelle dans Parler de Dieu (éd. van Dieren).
Nous avons déjà publié trois extraits (traduits par Maryvone Orliac) du livre de John Shelby Spong intitulé Why christianity must change or die (Pourquoi le christianisme doit changer ou mourir), paru en 1998. Spong, maintenant à la retraite, a été évêque anglican de Newark, dans le New Jersey, aux États-Unis. Dans le n° 182 d’ Evangile et liberté, Spong soulignait la nécessité pour le christianisme d’abandonner la vision théiste traditionnelle de Dieu. Dans le n° 191, il proposait une réflexion très contemporaine et originale sur la prière. Dans le n° 216, il soulignait l’humanité de Jésus. Ici il s’attaque au péchéoriginel et à l’image d’un Jésus victime expiatoire.
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