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Introduction: L’Homme face aux nouvelles technologies

« L’homme est un être raisonnable, mais les hommes le sont-ils ? » (Raymond Aron, Dimensions de la conscience historique)

    Le terme « transhumanisme » a été inventé en 1957 par Julian Huxley, biologiste britannique, pour décrire le point de vue selon lequel l’homme pourrait s’améliorer grâce à la science et la technologie. Mais ce sont les philosophes Nick Bostrom, suédois, et David Pearce, anglais, qui ont finalement fondé le mouvement transhumaniste.

    De quoi s’agit-il ? Les nouvelles technologies – comme les nanotechnologies, les biotechnologies (notamment le génie génétique, les cellules souches, le clonage), l’intelligence artificielle associée aux neurosciences – ont peu à peu convaincu de nombreux chercheurs et philosophes que l’humanité se trouvait à un tournant inédit de son histoire. Le philosophe français Michel Serres, dans son ouvrage Hominescence, terme qu’il a inventé, écrit en 2001 : « Nous vivons un moment décisif du processus qui nous façonne. Inquiétante pour certains, cette naissance en enthousiasme d’autres. Nous la suscitons sans savoir quel homme elle crée, assassine ou magnifie. »

    Ces possibilités (il ne s’agit vraiment plus de sciencefiction et nous ne reviendrons pas en arrière), si elles ouvrent la voie à des progrès inouïs (longévité accrue, amélioration de notre santé, du contrôle de nos émotions et de nos capacités sensitives et cognitives…), font aussi apparaître de nouveaux questionnements (et sans doute de nouveaux dangers ?) qui vont bien au-delà des simples problèmes de bioéthique.

    Par exemple la perspective de manipuler la matière à l’échelle moléculaire et d’interférer avec le monde du vivant suscite de grands espoirs, mais aussi des inquiétudes éthiques. La convergence des nanotechnologies avec la biologie et les technologies de l’information préfigure la possibilité de prendre le relais de l’évolution naturelle comme l’envisage le transhumanisme. L’homme accélère et détourne le cours de son évolution pour participer à sa propre création. Cette démarche, qui n’est pas à rejeter à priori, pose des questions d’ordre culturel, philosophique et théologique. Les technologies nouvelles que nous utilisons ne risquent-elles pas d’échapper à notre contrôle ? Sommes-nous à l’abri des « mauvais » usages que l’on peut en faire, depuis l’atteinte à la vie privée jusqu’à la fabrication d’armes nouvelles en passant par l’eugénisme ? Ces questions d’éthique doivent être examinées et prises en considération par tous les acteurs de la société.

    Vincent Schmid, pasteur à la cathédrale Saint- Pierre de Genève, aborde le problème de la foi face au transhumanisme. Les théologiens ne peuvent se désintéresser de cette question déjà posée aujourd’hui à notre société : « Il s’agit de réinterpréter Dieu et son vis-àvis, l’homme, avec un langage crédible. »

    Rappelons que Vincent Schmid est l’auteur d’un remarquable Michel Servet. Du bûcher à la liberté de conscience (Éditions de Paris – Max Chaleil, 2009)

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À propos Marie-Noële Duchêne

est enseignant-chercheur retraitée en Physique (université Paris-Sud Orsay). Depuis 2004, elle s’occupe du secrétariat de rédaction d’Évangile et liberté.

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