Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que terre. » (Ex 20,4 – trad. Segond). Le protestant est volontiers iconoclaste. Il prend très au sérieux ce deuxième commandement et voit vite de l’idolâtrie dans la moindre image pieuse. Depuis les destructions de Zürich en 1523 jusqu’à la guerre des Gueux qui commence en 1566 en Flandres, l’histoire des débuts de la Réforme est ponctuée de ces révoltes contre les images dont les édifices catholiques sont amplement décorés. Outre l’impératif formulé dans le décalogue, la répulsion envers les images trouve son fondement dans le refus de se tromper de cible quand il s’agit de vénérer Dieu. Le fou, on le sait bien, regarde le doigt qui montre la lune et manque ainsi l’objectif. Celui qui a besoin d’images pour soutenir sa foi, risque toujours d’oublier le modèle dont l’image n’est au mieux qu’une mauvaise copie.
C’est peut-être une prudence pusillanime qui nous fait refuser l’image/icône pour la raison qu’elle risque toujours de devenir idole. On ne fait en effet pas assez attention à ce que le mot français image traduit deux mots grecs : eikon qui donne « icône » et eidolon qui donne « idole ». Or l’icône est une image qui ne cherche pas tant à imiter les caractères sensibles du modèle qu’à en rendre le caractère intelligible ; elle ne vise donc pas à tromper en se faisant passer pour l’original. C’est l’idole qui séduit et veut duper en usurpant les caractères visibles de ce qu’elle imite. L’image/ idole est trompe l’oeil ; l’image/icône est invitation à tourner son esprit au-delà d’elle-même.
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