C’est un artiste complexe et à large spectre que nous présente Pierre Nambot : David Lynch, connu pour ses films, souvent étranges, mystérieux, est également peintre et musicien.
Les films de cet artiste complexe et surdoué nous interrogent. Sa formation en arts plastiques l’amène très tôt à se passionner pour le cinéma, ce qui ne l’empêche pas de s’adonner aussi à la peinture, à la photographie et à la musique. Son exposition récente aux Galeries Lafayette à Paris sur le thème ésotérique « Machine Abstraction Women » donne un aperçu de sa complexité mentale.
De son éducation presbytérienne, David Lynch a gardé le respect pour « les gens religieux ayant le sentiment que certaines clés originales des maîtres ont été égarées ». En évoquant cela nous pensons au film Mulholland Drive et à la boîte mystérieuse…
D’une extrême sensibilité et curieux de tout, il s’intéresse à de multiples sujets. Séduit par la lithographie lors de la visite du célèbre atelier du Montparnasse mythique des années folles, il se lance brillamment dans cette activité. Un jour, une déclaration l’interpelle : « le bonheur authentique est intérieur. » Il fréquente alors le centre de méditation transcendantale de Los Angeles, en devient un adepte et dirige une fondation qui a pour but d’en promouvoir l’enseignement. Dans son livre Mon histoire vraie, il se réfère souvent aux « upanishads », méditations hindoues, qui le guident dans ses réflexions.
Ainsi sur l’intuition, il cite : « Connais ce qui est à la source de toute connaissance » et déclare : « La vie est pleine d’abstractions et la seule façon de s’y retrouver est de recourir à l’intuition. L’intuition consiste à entrevoir la solution, à la visualiser. L’émotion et l’intellect s’allient. C’est l’essentiel pour un réalisateur. » Il ne semble pas rechercher le succès et vit dans son univers : « J’aime faire des films parce que… j’adore les mystères, j’aime voyager dans un autre monde. J’aime me perdre dans un autre monde et un film pour moi est un support magique qui fait rêver… dans le noir. C’est juste fantastique… » Bien que boudé par certains cinéphiles, il a obtenu de nombreuses et importantes récompenses : deux Grands prix au festival d’Avoriaz avec Elephant Man (1980) également nominé huit fois aux Oscars, puis avec Blue Velvet (1986), Palme d’or à Cannes avec Sailor et Lula (1990), César du meilleur film étranger avec Mulholland Drive (2001) et Lion d’or à la Mostra de Venise pour l’ensemble de son oeuvre (2006).
Construits comme des puzzles, ses films paraissent parfois déroutants comme le cauchemardesque Lost Highway ou le mystérieux et inquiétant Mulholland Drive dans l’univers cinématographique hollywoodien. La mise en scène exceptionnelle, la musique envoûtante de Angelo Badalementi, les dialogues particulièrement ciselés, créent un univers psychique étrange, singulier, souvent trouble dans lequel évoluent des personnages atypiques. Notre esprit découvre un domaine dont les perspectives inhabituelles dépassent les limites de notre vécu. Alain Resnais déclare : « Je vois tous les David Lynch… Il me fascine mais je ne pourrais pas vous en donner la moindre raison… Les choses charment au sens fort du terme. » Où nous conduira-t-il dans son prochain film ? Nous l’attendons avec impatience.
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