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4. Le don et le bonheur

Louis Pernot nous propose un proverbe très courant, tiré des Actes des Apôtres, et parole de Jésus lui-même.

«Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir », voilà un proverbe passé dans le langage commun, qui pourtant vient bien du Christ lui-même. C’est ce que l’on appelle un des « agrapha » : très rares paroles de Jésus qui ne se trouvent pas dans les évangiles. Les Actes des Apôtres (20,35) nous transmettent celle-ci en spécifiant que ce sont « les paroles du Seigneur ».

  Sous son aspect un peu moralisateur, ce proverbe est tout à fait essentiel.

  Tout d’abord, il parle de bonheur et ce n’est pas rien. Il est bon de rappeler que la prédication du Christ débute dans l’évangile de Matthieu par les Béatitudes : huit fois « heureux », et qu’elle se termine pratiquement dans l’évangile de Jean par le lavement des pieds, quand le Christ invite au service du prochain et dit : « Si vous savez ces choses, vous êtes heureux pourvu que vous les mettiez en pratique. »

  Donc l’Évangile, ce n’est pas se culpabiliser, se flageller, ou se priver de tout, l’Évangile, c’est la joie, la liberté et le bien-être. Cependant, ce n’est pas non plus un simple discours hédoniste, l’Évangile propose un véritable chemin de bonheur qui est loin d’être évident.

  Il y a en effet un paradoxe : pour être heureux, il faut renoncer à vouloir être heureux. « Qui veut sauver sa vie la perdra, et qui perdra sa vie à cause de moi la trouvera… » (Mc 8,35). Cela s’explique parce que le principal obstacle au bonheur, c’est l’égoïsme. Le bonheur consiste à sortir de soi pour se tourner vers les autres. C’est pour cela qu’on ne peut trouver le bonheur en le recherchant, parce que chercher son bonheur, c’est rester dans une démarche purement égoïste.

  Quant à notre proverbe, il nous dit en plus que le bonheur ne dépend pas tant de ce que l’on possède que de ce que l’on donne. C’est une excellente nouvelle, parce que recevoir, cela dépend des autres qui veulent bien ou non nous donner, alors qu’offrir, cela ne dépend que de nous. Et du coup, on passe d’une conception passive du bonheur à une conception active. Le bonheur, ce n’est pas un état qui se subit en espérant que cela puisse durer, mais une attitude personnelle qui ne dépend pas de ce que nous subissons.

  Être heureux, c’est se tourner vers l’autre pour lui donner, ce n’est finalement rien d’autre que de l’amour.

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À propos Louis Pernot

est pasteur de l’Église Protestante Unie de France à Paris (Étoile), et chargé de cours à l’Institut Protestant de Théologie de Paris.

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