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Zwingli : Du libre choix des repas

En mars 1522 à Zurich, une année avant l’adoption de la Réforme, l’imprimeur Christoph Froschauer et ses ouvriers, la fine fleur d’un savoir-faire novateur pour l’époque, rompirent démonstrativement le jeûne du Carême en mangeant publiquement de la saucisse. Pour éviter de scandaliser les faibles dans la foi, Ulrich Zwingli s’abstint d’en consommer, mais prit ouvertement la défense de ces transgresseurs d’une interdiction qui, expliqua-t-il dans une prédication du 29 mars 1522, n’avait aucun fondement dans l’Écriture. Ce sermon est devenu peu après un petit traité imprimé sous le titre « Du libre choix des repas ». En voici le passage le plus significatif que Zwingli a fait suivre de la citation de nombreux versets bibliques avec leur commentaire.

Vous avez commencé à tellement prendre à cœur l’enseignement et la liberté évangéliques que, après vous être délectés de la douceur du pain céleste, vous ne voulez plus déguster aucun mets fait de doctrine humaine. Il en a été pour vous comme pour les enfants d’Israël : lorsqu’ils furent conduits hors d’Égypte, eux aussi ont ensuite regretté les terrines de viande d’Égypte et ils ne se sont réjouis que peu à peu de la terre promise et de ses beaux fruits. Vous aussi, vous avez d’abord fait opposition au pur évangile et ne vous êtes réjouis que peu à peu de ses bons et purs fruits, puis vous avez hautement apprécié de pouvoir vivre dans la vraie liberté chrétienne. C’est ainsi que quelques-uns, faisant usage de la liberté chrétienne, ont fait distribuer des tracts en allemand. D’autres ont mangé de la viande, des œufs, du fromage et d’autres mets lors du dernier Carême, parce qu’ils ont cru que plus personne ne s’en choquerait. Mais le résultat fut différent de ce qu’ils croyaient : une partie [de la population] en fut fortement choquée ; une autre partie fit comme si elle en était choquée, mais seulement pour accroître la grande agitation qui se manifestait ; mais une troisième partie prétendit hypocritement que tout règlement de Carême était aboli du moment que l’autorité ne faisait appliquer aucune pénalité pour cette infraction. Tous ont donné un tel retentissement à cette rupture de Carême que le Conseil de la ville fut obligé d’intervenir énergiquement. Et lorsque ceux [qui avaient enfreint le Carême), enseignés par l’évangile, constatèrent qu’on voulait les punir, ils pensèrent qu’ils étaient sous la protection de l’écriture ; mais il n’était pas évident pour tous les membres du Conseil de rejeter ou d’admettre l’écriture sainte comme règle de droit. Que pouvais-je faire d’autre, moi à qui étaient confiées la cure d’âme et la prédication de l’évangile, que d’examiner à fond l’écriture sainte et de la faire briller comme une lumière dans cette obscurité afin que personne ne porte préjudice à son prochain par ignorance et doive plus tard s’en repentir gravement ? Car ceux qui avaient mangé de la viande pendant le Carême n’étaient par des garnements folâtres ou orgueilleux, mais des gens honorables et établis. C’est pourquoi j’aurais été mal à mon aise si, comme un mauvais berger qui ne pense qu’à son intérêt, j’avais laissé tuer les brebis qui me sont confiées au lieu de les protéger. Aussi ai-je prononcé sur le choix des mets un sermon dans lequel je ne m’en suis tenu qu’au saint évangile et à l’enseignement des apôtres. La plupart s’en sont réjouis et furent ainsi conduits vers la liberté chrétienne. En revanche, mon sermon a rendu furieux ceux dont les pensées et la conscience n’étaient pas nettes. Aussi me semble-t-il opportun d’élucider toute cette situation à partir de l’écriture sainte…

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À propos Bernard Reymond

né à Lausanne, a été pasteur à Paris (Oratoire), puis dans le canton de Vaud. Professeur honoraire (émérite) depuis 1998, il est particulièrement intéressé par la relation entre les arts et la religion.

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