ont l’habitude de marquer l’anniversaire de la Réforme le dernier dimanche d’octobre, ceux de Suisse le premier dimanche de novembre. Mais tous n’attachent pas à ce rappel la même portée ou la même signification.
Les uns voudraient qu’on en profite pour réaffirmer sans les modifier les grandes doctrines du XVIe siècle. D’autres regrettent que la Réforme soit allée trop loin dans son rejet de la tradition romaine ; ils voudraient que la commémoration de la Réforme soit assortie d’un retour à davantage de « catholicité ».
Nous préférons voir dans le pas franchi au XVIe siècle, tout important qu’il fût et qu’il reste à nos yeux, le premier de plusieurs autres. Hommes de leur temps, ceux qui ont eu l’audace et la lucidité de le franchir ne pouvaient concevoir ni la nature ni la portée des pas qui seraient encore nécessaires. Ces autres pas sont ceux des « réformateurs de la Réforme » que furent un Milton au XVIIe siècle, un Ostervald, au XVIIIe, un Schleiermacher au XIXe, un Albert Schweitzer au XXe : chacun à leur manière, ils ont tracé le chemin sur lequel nous nous efforçons de rester engagés.
Mais notre étape n’est déjà plus la leur. Nous voici face à des mouvements de pensée, à des phénomènes de société, à des défis proprement spirituels qu’ils ne pouvaient même pas envisager. Il ne suffit pas de redire « À Dieu seul la gloire ». Cette belle et nécessaire devise réformée, nous devons maintenant l’investir dans ce que nous sommes en train de vivre, d’imaginer, de subir ou d’entreprendre. Une nouvelle Réforme est toujours nécessaire. *
- NOTE CONCERNANT L’ICONOGRAPHIE DE CE NUMÉRO. Nous avons choisi d’illustrer la couverture et le cahier central avec des photographies sur le thème de la pauvreté, réalisées par des artistes (Brésilien, Malgache, Chinois,…) qui représentent la réalité sociale de leur propre pays.
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