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La société, la vieillesse et la mort

  La « fin de vie » est devenue un sujet préoccupant car la société s’est transformée au cours des siècles. Grâce aux progrès de la médecine on vit plus vieux. La famille a évolué, le travail, le logement aussi. La société réclame la performance, la rentabilité.

  Dans le débat actuel revient souvent le mot de « dignité ». Cette notion a des dimensions multiples, philosophiques, religieuses, et juridiques. Pour le philosophe Paul Ricoeur, ce terme renvoie à l’idée que « quelque chose est dû à l’être humain du fait qu’il est humain ». Tout humain mérite un respect inconditionnel, quels que soient l’âge, le sexe, la santé physique ou mentale, la religion, la condition sociale ou l’origine ethnique.

  « Aujourd’hui, on place trop [la] dignité dans une image de l’Homme, qui est celle de l’individu moderne, assuré de sa forme physique et de sa formation professionnelle, de sa conscience, sujet maître de ses objets et mesure du monde. Jamais morale ne fut plus impérieuse et plus normative que celle-là ! » (Olivier Abel, Réforme, 29 Juin 1991). De ce fait l’image de la vieillesse, dans notre société et contrairement à d’autres, est habituellement perçue comme dégradante et angoissante.

  En Afrique sub-saharienne, par exemple, vieillesse rime avec spiritualité, expérience, sagesse. D’un point de vue économique les personnes âgées sont considérées comme des producteurs de biens immatériels : connaissances, conseils, règlement de différends…

  Dans le vocabulaire occidental moderne, le mot « vieux » désigne ce que l’on ne veut surtout pas devenir. On est hanté par la dépendance, la perte d’utilité sociale, la dégradation de l’apparence physique…, une défiguration inacceptable qu’on appelle « perte de dignité », c’està- dire mort avant terme ; on peut alors vouloir devancer celle-ci grâce à l’euthanasie. Aujourd’hui la façon d’envisager la mort reste marquée par le sceau du déni. L’une des manières d’exorciser la mort consiste à la rendre omniprésente dans les médias… « Auparavant, on gardait nos aïeux à la maison, on s’en occupait jusqu’à leur dernier souffle. La mort était vécue aux yeux de tous […].

  Aujourd’hui, la mort est sortie de la sphère de l’intime et de notre quotidien. Trois personnes hospitalisées sur quatre meurent sans un proche à leur côté », remarque Marie de Hennezel, psychothérapeute qui dit aussi : « Parler de la mort aide à vivre. »

  À l’occasion des débats actuels on peut se réjouir de ce que la mort ne soit plus considérée comme l’échec d’une technique médicale, mais que l’on puisse en parler, comme d’une limite aux pouvoirs de la médecine. La mort n’est pas une maladie : les soins palliatifs ne visent pas à guérir, mais à alléger les souffrances.

  Éric Hernandez, médecin et biologiste, présente les dispositions actuelles et discute les propositions de la « commission Sicard » sur la fin de vie.

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À propos Marie-Noële Duchêne

est enseignant-chercheur retraitée en Physique (université Paris-Sud Orsay). Depuis 2004, elle s’occupe du secrétariat de rédaction d’Évangile et liberté.

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