le bouddhisme répond-il aux questions des occidentaux en quête de sens dans une société en crise ? Beaucoup perçoivent les limites de la mentalité actuelle : matérialisme, consommation, compétition, individualisme, technicisme… Le mal de vivre s’accroît et même les psychiatres ont du mal à apaiser les angoisses des plus atteints. Pourquoi le christianisme ne répond-il pas aux attentes de nos contemporains ?
Pourquoi des psychiatres organisent-ils des sessions de réflexion autour du bouddhisme ? Lacan commence le premier livre de son séminaire en assimilant la psychanalyse et le zen, le maître zen et Freud. Le langage de l’inconscient et le langage du zen entendent aussi des « choses muettes ». Et la méditation est reconnue comme un outil thérapeutique à part entière.
La position du bouddhisme envers la dogmatique et la morale est séduisante : pas de dogme mais un encouragement à la recherche personnelle de l’Ultime. Le protestantisme libéral partage cette liberté individuelle.
La connaissance de soi, la sérénité intérieure que procure la méditation bouddhique remplissent une carence importante. Mais la prière chrétienne ne joue-telle pas le même rôle ?
Les bouddhistes ne prétendent pas être les dépositaires d’une vérité divine. Le Dalaï-Lama déclare « Je suis convaincu que la variété des traditions religieuses est précieuse et pertinente. D’après ma propre expérience, toutes les grandes traditions religieuses parlent une langue et délivrent un message commun sur lequel nous pouvons bâtir une véritable entente mutuelle » (Le Dalaï-Lama parle de Jésus, éd. Brepols 1996). L’optique de John Cobb, une des figures majeures de la théologie du Process, qui a écrit Bouddhisme-Christianisme. Audelà du dialogue ? est un peu différente : « L’option de Cobb ne vise pas tant à souligner l’égalité formelle de toutes les religions qu’à les mettre mutuellement en relation afin qu’elles se transforment réciproquement. », souligne Raphaël Picon (E&L, janvier 2007). Ces positions n’ont évidemment rien à voir avec un christianisme, malheureusement répandu, « dépositaire de la vérité universelle ultime », et d’ailleurs rejeté par l’homme d’aujourd’hui.
Laurent Gagnebin pointe deux déclarations du Dalaï- Lama qui rapprochent le bouddhisme du protestantisme libéral : « Comme il est réjouissant de voir le Dalaï-Lama lire tel récit évangélique en adoptant tout naturellement une approche historico-critique, déprise de tout fondamentalisme : “Je pense que ce sont là des termes et des façons de parler en usage à une époque donnée, dans un environnement donné […] La mention de la guérison des malades ne doit pas être prise au sens littéral.” », et « La foi doit être fondée sur la raison et la compréhension. » « On croirait entendre Albert Schweitzer. », ajoute Laurent Gagnebin (E&L, février 2007)
Federico Djong Do Procopio, moine bouddhiste zen, psychanalyste et philosophe, nous introduit à la compréhension du bouddhisme zen.
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