Le design qu’est-ce que c’est ?
Le mot design signifie à la fois conception, dessein et dessin. Il révise l’espace urbain, paysager, tous les objets qui nous entourent, les vêtements et accessoires que l’on porte, les véhicules que l’on utilise, notre nourriture, mais aussi la communication graphique. Il apparaît avec l’arrivée de l’ère industrielle. Fin du 19e siècle sont produits les premiers objets manufacturés en série, certains industriels, tel que Thonet et d’autres, voient là l’opportunité de repenser l’objet dans sa manufacture. Tels de nouveaux artisans et liés à la manière de produire, les industriels vont changer les manières de concevoir avec l’essor des technologies. Tels de nouveaux faiseurs produisant des clones à grandes échelles, il leur faudra repenser l’esthétique de leurs objets car ils ne s’adressent plus à un client qui aura passé une commande mais fabriquent dorénavant pour plusieurs clients qui n’ont pas nécessairement passé de commande – ils attendent de voir l’objet pour l’acheter. L’objet pensé, travaillé pour une élite noble ou bourgeoise se démocratise et devient accessible à tous…. universellement.
Début du 20e siècle, l’école du Bauhaus dirigée par Walter Gropius – architecte – qui compte nombre de professeurs maintenant très célèbres tel Kandinsky (peintre), Itten (peintre), Mis Van der Rohe (architecte), vont former des élèves à cette nouvelle discipline qu’est le design. Cette école allemande demande à ses élèves de repenser le monde qui les entoure comme nouveau, comme en devenir, de se libérer des conventionnelles décorations superflues qui ne flattent que l’ego et surcharge, annihile la pertinence d’une construction. Ce postulat de créateur est non seulement universel mais intemporel.
Andrea Branzi, architecte designer italien célèbre dans les années de 50 à 70, membre du groupe Archizoom Associati puis du groupe Menphis écrit en substance que pour lui le design est une passerelle pour s’adresser à l’humanité dans ce qu’elle a de plus noble, son souci du beau et de l’harmonie. Et c’est bien cette démarche là qui nous intéresse ! Le beau et l’harmonieux accessibles à tous par le biais de la grande série. Plus inspiré, il proclame « Le designer est un inventeur de scénarios et stratégies. Ainsi, le projet doit s’exercer sur les territoires de l’imaginaire, créer de nouveaux récits, de nouvelles fictions, qui viendront augmenter l’épaisseur du réel. » Andrea Branzi, La casa calda, Paris, L’équerre, 1985.
Un autre de ces pionniers célèbres qu’est Raymond Loewy – français qui introduisit le design dans les années 40 à 60 aux États-Unis – écrit un livre de référence sur le sujet : La laideur se vend mal, l’acte de designer, concevoir se détache de l’expression artistique, se met à l’écoute non pas des fabricants, mais du consommateur final.
Le design est création
Aujourd’hui, la question ne se pose plus ; un bon design est un « must have ». Le choix inexistant ou inabordable des siècles passés est, aujourd’hui, au contraire tellement grand et multiple que le concept même de la grande série est dégradé et les petites séries, les séries limitées sont recherchées parce qu’elles offrent la notion de rareté qui a disparu dans les grandes séries et dans la mondialisation des offres, goûts et consommation. Vanité des vanités, l’être humain moderne rêve de briller comme un être unique en société.
Le geste du designer est donc création, il est aussi expression. Et cette expression est propre au design ; bien que basée sur des symboliques, ses codes et langues ne se révèlent pas en paroles. Le design américain est très différent du design asiatique et de l’européen. Au sein même de l’Europe, par exemple, le design scandinave fait référence en termes de sobriété, fort de l’imprégnation protestante, alors que le design espagnol brille parfois par son exubérance.
Ses codes et couleurs symboliques sont différentes selon notre culture d’origine. Par exemple la robe de mariée est blanche – comme une colombe – et fait référence à un code de pureté que nous avons dans notre culture judéo-chrétienne. Pourtant, cette robe est rouge en Asie, parce que le blanc est la couleur de la mort et le rouge la couleur de la vie. Ainsi, l’utilisation de ces codes est régionale mais l’utilisation de ces codes et le geste de magnifier et d’amplifier la symbolique de la couleur d’une robe de mariée procède de la même volonté : apporter une symbolique forte sur une robe que l’on porte lors d’une occasion spéciale. De même, ces codes sont universels parce qu’ils font références à notre culture universelle, celle que sème la mondialisation… des codes. Si le rouge de la robe de mariée chinoise nous surprend, nous ne sommes nullement perturbés de voir un feu rouge puis vert en Chine puisque que nous avons ce même code couleurs chez nous.
D’une manière générale, le geste du designer est création et connivence avec la personne qui examine l’objet, le graphisme et se l’approprie, peu importe sa culture. Et dans son expression, le design se veut porteur de sens pour se légitimer en tant que création. En cela, le geste du designer est universel.
Le grand défi du design depuis quelques années est l’écologie. Comment produire des objets en cercle fermé, entièrement recyclables, auto biodégradables, dont les techniques de fabrications n’altèrent pas l’environnement. Problématique ô combien universelle, toutes sortes de démarches commencent à porter leurs fruits, par exemple chez Adidas.
Harmonisant le monde qui nous entoure, le design erre dans l’air du temps.
Langue poétique et visuelle, il exprime ce qui nous touche, dans l’espace publique comme dans l’intime. En ce qui concerne la spiritualité, le design, fort de ses fondements et son histoire, poursuit son chemin selon la citation de Dieter Rams – designer icône chez Braun – « Less is more » (moins est plus/mieux). Sa quête est dans l’essentiel, dans la réduction de ce qui nous attache à l’âme d’un objet.
Les objets ont-ils une âme? – Ils en ont l’apparence des sentiments qu’ils nous évoquent.
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