Le malaise de Mme Clinton et ses conséquences politiques mettent en évidence la personnalisation du pouvoir qu’entraîne l’élection présidentielle au suffrage universel. Que se passerait-il en France si entre les deux tours un des deux candidats restant en lice était assassiné ? François Goguel disait qu’on se débattrait dans un inextricable imbroglio juridique, constitutionnel et politique.
Ce qu’on appelle, à assez juste titre, la monarchie républicaine impose aux candidats des campagnes harassantes et elle fait reposer sur l’élu des responsabilités démesurées. Les municipales où on élit une équipe, en sachant qui la conduira, paraît plus raisonnable ; d’abord parce que gouverner ne peut pas et ne doit pas être un exercice solitaire, mais une entreprise collective ; ensuite parce que dans une équipe une défaillance individuelle se compense plus facilement. Les Églises protestantes ont la sagesse de confier leur direction non pas à une personne rendue dépositaire d’une « souveraineté », mais à des conseils élus qui désignent en leur sein celui ou celle qui les présidera. La direction d’une Église n’a aucun rapport avec le gouvernement d’un pays. Mais la collégialité qu’elle met en œuvre pourrait servir d’exemple. Ce système de responsabilité partagée serait-il transposable à l’échelle de la nation ? Pourquoi pas ? Il tient compte de la fragilité des personnes et il changerait probablement en bien le fonctionnement d’un pouvoir devenu plus collectif que personnel.
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