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Le légal et le juste

J’ignore qui a tort et raison dans les affaires où Michel Platini, Bernard Tapie ou Chritine Lagarde sont impliqués. Au fond peu m’importe ; même s’ils ont strictement respecté la loi et sont juridiquement irréprochables, le montant des sommes en jeu me scandalise. C’est trop, alors que tant d’autres n’ont pas assez. Que certains manipulent de telles masses d’argent est certes légal si les transactions se font selon les règles ; mais ce n’est en tout cas pas juste. À l’inverse, la misère n’est pas illégale, elle n’est pas forcément due à des entorses aux règles ; elle n’en est pas moins injuste.
Le Nouveau Testament s’en prend à ceux qui gagnent le monde en perdant leur âme. Gagner le monde, c’est augmenter ses biens, accroître son aisance, acquérir du pouvoir. Nous le faisons tous plus ou moins et parfois (pas toujours) honnêtement, sans transgresser les lois. Par « âme », il faut entendre notre humanité. Elle n’est pas tant une qualité qu’un tissu ou un réseau de relations. Nous la perdons quand le souci légitime de soi nous coupe des autres. Pas d’âme sans amour. Pour la Bible, la justice ne se borne pas à éviter de commettre des fautes et à recevoir ce qui est dû, en conformité avec la loi. Elle est une relation positive, une bonne convivialité, une réelle proximité avec autrui. Quand les uns ont trop et les autres pas assez, c’est peut-être légal, mais ce n’est pas juste, et on perd son âme parce que la proximité (et donc le prochain) n’existe plus.

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À propos André Gounelle

est pasteur, professeur honoraire de l’Institut Protestant de Théologie (Montpellier), auteur de nombreux livres, collaborateur depuis 50 ans d’Évangile et liberté.

2 commentaires

  1. jlouis.py@orange.fr'

    Tout à fait d’accord. Sachant que ce qui est vrai pour ces personnes l’est aussi pour ces PDG largement rémunérés dont le remplacement rapide après une disparition accidentelle montre qu’ils sont moins uniques qu’on ne le dit.

  2. denis.zandvliet@aliceadsl.fr'

    Mettre en exergue le cas de la richesse quelques uns pour dénoncer la pauvreté n’est pas la bonne approche. Répartissez 1 M€ auprès d’un million de pauvres, cela ne fera qu’un euro pour chacun d’eux.
    Une première question est la répartition globale des richesses entre les individus, avec le triste constat d’une diminution de la classe moyenne dans nos sociétés, signe d’appauvrissement général.
    Une deuxième question est la définition de la pauvreté. L’INSEE définit la pauvreté comme un centile statistique du degré de richesse. Cette définition impose qu’il y aura toujours des pauvres en France, quelque soit le niveau de vie !
    Une troisième question est la répartition des richesses entre les pays : un pauvre en France est un riche dans d’autres pays !
    Le fonctionnement d’une société nécessite des inégalités de richesse. Il serait délicat, et probablement stupide, de définir un seuil d’enrichissement « immoral ». Dans une société mondialisé, les dirigeants d’entreprises ont de plus en plus de périmètre. Les chiffres d’affaires des grandes multinationales se mesurent en centaine de milliards.
    Et n’oublions pas que les riches redistribuent aussi par les taxes, les impôts et leurs consommations.

    Mais je rejoins parfaitement André Gounelle sur ce qu’il est de notre responsabilité, de notre humanité, de prendre soin de notre prochain.

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