Malgré les explications des journalistes, je ne comprends pas grand chose à la crise de la Grèce et de l’Europe. Elle est pour moi une énigme, semblable à celles que posait le sphinx aux passants, avant de les dévorer, et je n’ai pas la perspicacité d’Œdipe qui a su la résoudre. Ne serait-il pas plus sage de renvoyer les problèmes à des experts, à quelque Œdipe hors du commun ?
C’est précisément ce qu’a refusé, dans le domaine religieux, la Réforme. Les théologiens et les pasteurs ne sont pas là pour trancher et décider, mais pour expliquer et mettre chacun en état de faire des choix personnels informés et réfléchis. Pour les fondateurs de la Troisième République, la démocratie suppose des citoyens capables de donner de bonnes réponses par des élections ou par référendum, d’où la nécessité de l’instruction publique générale pour faire de chaque citoyen un Œdipe.
Après avoir éliminé le sphinx par sa clairvoyance, Œdipe succombe à la malédiction qui pèse sur lui et devient aveugle. Pour la Grèce antique, un destin tragique domine, torture et écrase nos vies sans que nous puissions lui échapper. L’évangile annonce, au contraire, que le destin est brisé. Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu, ce qui ne dispense pas de travailler, de réfléchir, de souffrir, de peiner pour sortir de la crise, mais qui permet à l’espérance de l’emporter sur la peur. Le malheur, celui que cause le Sphinx et celui que subit Œdipe, n’aura pas le dernier mot.
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