Communiqué du conseil de la Fédération protestante de France
Le protestantisme français alerte
Exerçant son rôle de vigie souligné par le Président de la République, le protestantisme français alerte.
A la veille d’un débat sur l’immigration à l’assemblée nationale le 7 octobre et au Sénat le 9 octobre, le conseil de la Fédération protestante de France (FPF) souhaite alerter les parlementaires sur les conséquences délétères de l’instrumentalisation à des fins électoralistes des questions liées à l’immigration, tant sur le sort des personnes étrangères que sur la cohésion de notre société menacée par des discours incitant à la peur, à la méfiance et à la haine de l’autre.
Le Conseil de la FPF s’inquiète des informations qui circulent déjà, laissant craindre la poursuite d’une dégradation des conditions d’accueil et de protection des personnes exilées et d’une précarisation générale de la situation des personnes étrangères.
En effet, les propositions mises en débat à ce stade, s’orientent vers des mesures régressives, réduisant de fait, de plus en plus et de façon sournoise, l’accès aux droits fondamentaux pour les plus vulnérables (par exemple, le droit pour toute personne de vivre en famille, la protection des mineurs, l’accès à une protection de santé pour les plus pauvres (AME)…). Or l’urgence est de mettre fin aux situations indignes subies par un nombre croissant d’hommes, de femmes et d’enfants contraints de survivre dans la rue en raison de l’insuffisance des hébergements et des règlements qui les forcent à l’errance.
Le Conseil de la FPF s’alarme aussi d’une résurgence inquiétante des discours de haine banalisés par les médias, qui désignent l’étranger comme bouc émissaire du malaise social et s’attaquent au socle des principes qui fondent notre République et garantissent la cohésion nationale.
Si la France prétend vouloir impulser au niveau de l’Europe une politique d’asile et d’immigration digne des valeurs humanistes inscrites dans la convention européenne des droits de l’Homme ; le Conseil de la FPF attend qu’elle mette en accord ses actes avec ses discours. A commencer par ouvrir ses ports aux naufragés, accueillir en urgence les personnes menacées de mort, et mener une politique migratoire à la mesure des défis humains de notre temps.
Fidèle à ses convictions, la FPF poursuit inlassablement la défense intransigeante de la dignité de chacun. Elle condamne tout ce qui humilie l’humanité de chaque personne d’où qu’elle vienne et quel que soit son statut administratif, dans l’exigence du respect des droits humains fondamentaux.
Communiqué de presse en format pdf
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Il y a deux sortes d’immigrés : ceux qui fuient la guerre ; ceux qui fuit la faim. La situation présente va bien au-delà des considérations humanistes qui nous portent naturellement à nous révolter devant les rejets d’êtres humains poussés par l’horreur de la guerre et qui cherchent à survivre dans des pays qui semblent avoir compris, après de douloureuses expériences, qu’il valait mieux se tendre la main que se tourner le dos. Je suis de ceux qui, enfants, ont accompagné leurs parents sur les routes de l’exode en 1940 devant l’avancée des troupes allemandes aux ordres des nazis. Alors, oui. A ceux-là nos portes doivent rester grandes ouvertes.
Quant à ceux qui fuient la faim, il est « d’abord » nécessaire, dès aujourd’hui, d’organiser le ralentissement de ces migrations économiques en créant sur place, en Afrique, les conditions de vie décente des autochtones, ce qui est loin d’être le cas. Les pays africains ont été colonisés par quelques pays européens qui leur ont apporté en échange certains modèles de démocratie et leur ont laissé des « outils » leur permettant, à leur tour, d’accéder à un mode vie plus adapté aux conditions mondiales contemporaines. Hélas, la démocratie reste une abstraction pour beaucoup d’entre eux. Les dictatures des petits rois locaux subsistent. Le trafic des esclaves vers l’Amérique n’aurait pas pu être sans la complicité des roitelets locaux moyennant finances. C’est une vieille histoire.
Aujourd’hui, il est nécessaire de stabiliser cette émigration par la création de sources de richesses industrielles sur place. Les Africains émigrés rêvent de rester chez eux s’ils y trouvent les moyens de survivre. A titre d’exemple, les Chinois ont récemment construit des usines de fabrication de linge et de chemises en Éthiopie. Ceci est une contribution à la stabilisation des populations qui devrait pouvoir servir d’exemple. Dans un second temps, la lutte contre la corruption des dirigeants locaux devraient être organisée. Les Chinois ne sont pas des humanistes. Ils ont compris qu’en termes de parité de pouvoir d’achat, les conditions financières de production leur étaient favorables en Éthiopie et, ainsi, inondent-ils les marchés avec d’excellents produits à bas prix. Certes les conséquences risquent d’être celles d’une augmentation du chômage en Europe, mais ce sera à nous de nous adapter au nom de la fraternité des peuples.
Bien sûr!
Les sommes considérables des organismes internationaux et nationaux injectées depuis la guerre en Afrique, ainsi que les actions de toutes les ONG, dans leur suprême et stérile bonne conscience … tout cela n’a servi à rien ..peut être même à aggraver le mal. La dignité de l’ africain est de pouvoir vivre décemment et dignement dans son pays. Nous « bien pensants chrétiens des pays de l’occident » nous avons crée les conditions de l’indignité par l’immigration. Sommes nous prêts à nous remettre en question, à réfléchir à une charité féconde qui donne de la dignité à celui qui la reçoit, à l’importance de la nature et la qualité de l’aide pour que son résultat ne soit pas contraire au but recherché. Tant de questions que nous pouvons cultiver dans l’Evangile.
Vous avez raison Monsieur mais vous oubliez de mentionner que les dictateurs locaux sont soutenus par des États dont le nôtre. Ces dictateurs que beaucoup d’africains appellent « préfets coloniaux de la France » sont maintenus pour sécuriser les approvisionnements en matières premières. Alors comment peut-on prétendre aider les africains quand on copine avec ses dictateurs? Rien n’est franc. C’est à croire que les malheurs des africains font le bonheur des autres.
Bonjour
Je partage complètement les point de vue d’Itsouhou
badinga-nyongo et de Feriaud.
Merci à eux.
Fraternellement.
Bernard Fevre
Bonjour,
Pour mieux connaître les migrants, un livre : Les voix de la « jungle », histoires de réfugiés au camp de Calais. Dans ce livre, la parole leur est donnée. Je vous invite à le découvrir : https://assolaguillotine.wordpress.com/2020/06/02/les-voix-de-la-jungle-histoires-de-refugies-au-camp-
Les « écrivains de Calais » ont fui des pays déchirés, laissant derrière eux des êtres chers, leurs rêves d’enfants, des racines. Après de longs parcours, une lande transformée en campement est devenue leur foyer. Dépossédés de leur image, transformés en objets de méfiance, ils voulaient être entendus.
Ce livre leur donne la parole, leur permet de raconter leurs histoires, de revendiquer une humanité.