à propos du protestantisme que de le définir en fonction de ce qu’il n’est pas. Le protestantisme, c’est le refus de la différence entre les clercs et les laïcs, entend-on parfois. Le protestantisme, ce serait le rejet de la tradition, le refus du culte marial, du monachisme… Ce n’est pas faux… mais c’est tellement réducteur ! Il est vrai que les grands principes de la Réforme peuvent le laisser penser : l’Écriture seule, la foi seule, la grâce seule – tous semblent exclure plutôt qu’inclure. Mais en regardant les choses sous cet angle, on se trompe à la fois historiquement et théologiquement. Le protestantisme, à ses débuts, fut d’abord un appel à la liberté ! Luther n’entendait pas d’abord s’opposer au christianisme de son temps, mais bien le libérer des trop nombreuses prisons dans lesquelles il s’était laissé enfermer pour retrouver ce qui faisait sa force originelle : l’Évangile, la bonne nouvelle d’un Dieu qui nous accueille tels que nous sommes. « Il est juste et bon que tu sois, devant moi, celui que tu es ! » Vouloir ajouter quelque chose à cela, vouloir compléter cette formule au moyen de telle ou telle recommandation ou de telle ou telle injonction, ce serait en effet renoncer à son sens profond et en dénaturer l’orientation ultime : accueillir notre existence telle qu’elle nous est donnée (avec ses failles, ses souffrances et ses erreurs) comme la matière avec laquelle Dieu entend bâtir son Royaume. Et de cette matière, Dieu en a aujourd’hui plus besoin que jamais ! Être protestant, ce n’est pas s’enfermer dans le refus rageur de certains dogmes ou de certaines pratiques. Ce n’est pas non plus faire sienne la rassurante sécurité d’une « éthique » réputée meilleure que les autres, mais bien, d’abord, porter devant nos contemporains un message d’espoir : « toi, tel que tu es, Dieu t’appelle, ici et maintenant, à entrer dans la confiance et l’espérance. »
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