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Pacifisme passif ou non-violence créative ?

 

Jésus était-il violent ? Oui, selon certaines critiques. Jésus a fouetté les marchands autour du temple, a apporté l’épée sur terre, a créé la division dans la famille ; bien qu’il ait dit « aimez vos ennemis », il était agressif envers les Pharisiens et les Scribes. Jésus n’a pas accompli Ésaïe 53.

Lors d’un examen plus approfondi des différents textes des évangiles, on ne trouve pas de mention de personnes fouettées. Le renversement des tables était un symbole de renversement du système d’exploitation et d’injustice. Jésus est-il violent ou projetons-nous notre violence sur lui ? N’avons-nous pas tendance à lire Jésus et son message à travers notre propre vision du monde ?

Réfléchissons aux mots « la colère de Dieu » absents de nombreuses versions anciennes mais introduits pour soutenir nos efforts d’évangélisation et notre théologie de la mission.

Romains 5,9 Bien plus sûrement donc, maintenant que nous avons été justifiés par son sang, nous serons sauvés par lui de la colère de Dieu. [L’expression « de Dieu », ajoutée par les traducteurs, n’est pas dans le grec original.

Romains 12,19 Bien-aimés, ne vous vengez pas vous-mêmes, mais laissez agir la colère de Dieu. [« de Dieu » ajouté par les traducteurs.

Les deux cents dernières années d’efforts d’évangélisation, parfois agressifs, pour atteindre les « païens », ont forcé les traductions dans les moules évangéliques tels que « Repentez-vous ! Vous êtes pécheur, en route pour l’enfer, la colère de Dieu vous attend. »

Voyons Matthieu 22,1-12. Un roi célèbre les noces de son fils. Les invités refusent de venir et tuent les messagers. Le roi brûle leur ville. Le deuxième groupe d’invités répond à l’invitation. L’un des invités n’avait pas le vêtement approprié, il est donc chassé.

Les sermons traditionnels et les commentaires interprètent le roi comme étant Dieu, et le fils comme étant Jésus. Celui qui n’a pas de vêtement de noces c’est moi, qui rejette Jésus et son salut. Cette parabole dépeint un Dieu violent qui brûle les villes, tue leurs habitants et punit les invités sans vêtements de noces appropriés.

Une telle interprétation interpelle notre traduction et notre herméneutique.

Peut-être existe-t-il une autre approche pour ce texte. Voici ma version du verset 2 à partir de l’original : « Le royaume des cieux a été comparé à un homme, un roi, qui organisa les noces de son fils. » Dans d’autres paraboles, Jésus dit : « le royaume de Dieu est semblable ». Dans celle-ci, il dit « a été comparé ». Qui fait la comparaison ?

Notez la double identification : «un homme roi », ou « un homme, un roi ». Pourquoi insister sur le fait que le roi est un homme ? Peut-être parce que ce roi n’est pas Dieu Père. Pour ceux qui écoutaient Jésus, ce roi ressemblait à Hérode. Ils se souvenaient de la cruauté d’Hérode, de ses invitations pour gagner la faveur des Juifs. Le royaume du Père ne peut pas être comme cet empire, même avec des fêtes et des invitations à manger et à se divertir gratuitement.

Traditionnellement l’invité sans vêtements de noces c’est moi, c’est toi. Ma proposition : c’est en fait Jésus lui-même. C’est lui qui est entré dans notre monde mais a refusé le vêtement de l’empire du mal. Comme Ésaïe, il garde le silence devant les accusations. Il est chassé et crucifié. Sa résurrection renverse nos sacrifices violents. La victime de notre royaume de violence a résisté et a gagné.

Lorsque Jésus a enseigné à tendre l’autre joue, à marcher un kilomètre de plus, à prier pour l’ennemi, il proposait une non-violence créative, en offrant à l’autre l’occasion de repenser son attitude et ses actions.

À travers les âges, des personnes ont choisi des réponses non-violentes à la violence exercée contre eux. Pensez aux Cherokees et leur marche forcée le long de la Piste des larmes ; la Résistance Rose blanche ; la Marche du sel du Mahatma ; le boycott de Montgomery ; Tienanmen ; la Révolution orange. Dans de telles situations les partisans de solutions non-violentes se sont levés, ont fait entendre leur voix et, dans de nombreux cas, ont transformé leur partie du monde – inspirés par l’Esprit du Ressuscité et sa non-violence créative. u

 

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À propos Rodney Curpanen

Le Révérend docteur Rodney Curpanen 5 est pasteur de l’Église Presbytérienne de l’Île Maurice, proviseur du collège théologique oecuménique, réviseur conseiller pour les traductions en Créole Mauricien pour la société biblique.

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