Fille d’un professeur de lettres classiques, Madeleine fait des études d’histoire à la Sorbonne, tout en militant activement à la « Fédé » (la Fédération française des associations chrétiennes d’étudiants qui réunit l’ensemble des mouvements de jeunesse protestants). En 1934, elle réussit le diplôme d’archiviste-bibliothécaire et, à 26 ans, elle est nommée à la prestigieuse École française de Rome. Pendant son séjour en Italie, elle multiplie les rencontres œcuméniques, suit même quelques cours (en latin !) à l’Angelicum, la faculté de théologie des dominicains, assiste à une audience du pape. Mais elle est amenée aussi à analyser sur pièce la nature du régime fasciste – et d’autant mieux qu’elle a lu Karl Barth et qu’elle est en relation avec des membres de l’Église confessante allemande, qui s’oppose à l’idéologie nazie.
Lors de l’entrée en guerre de l’Italie, en juin 1940, elle doit en hâte regagner la France. Proche du pasteur Marc Boegner, elle est nommée, quelques semaines plus tard, secrétaire générale de la CIMADE (Comité Inter-Mouvements Auprès des Évacués). Cet organisme avait été créé l’année précédente par les mouvements de jeunesse protestants pour venir en aide aux populations transplantées d’Alsace et de Lorraine. Mais, rapidement, l’action de la CIMADE s’étend aux étrangers réfugiés en France, notamment tous les exilés allemands et autrichiens qui avaient fui le régime nazi et que le gouvernement français avait internés dans des camps où ils vivaient dans des conditions des plus précaires.
Madeleine Barot y exerce une assistance spirituelle, mais aussi matérielle. Elle contribue à la création de centres d’accueil plus décents, notamment au Chambon-sur-Lignon. Mais elle ne se contente pas de ces actions de « Résistance humanitaire ». Elle participe à la fabrication de fausses cartes d’identité et d’alimentation, elle vient en aide de mille façons aux résistants et aux clandestins. Dès 1942, elle contribue au sauvetage de centaines de juifs – ce qui lui vaudra en 1988 d’être honorée du statut de « Juste ». La même année, elle est nommée « docteur honoris causa » de la Faculté de théologie protestante de Paris.
Pendant la guerre, Madeleine a contribué aussi à la Résistance spirituelle. Avec le pasteur Visser’t Hooft qui deviendra plus tard secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, elle prend l’initiative de deux sessions en septembre 1941 et 1942, où s’élaborent les fameuses « thèses de Pomeyrol », dénonciation sans concession du totalitarisme et de l’antisémitisme.
Après la guerre, sans abandonner son action à la CIMADE, Madeleine milite au Conseil œcuménique des Églises où elle dirige le département « Coopération entre hommes et femmes dans l’Église et la Société » puis le département « Éducation au développement ». À la Fédération protestante, elle anime la commission des Affaires sociales, économiques et internationales. Elle participe aux travaux de la commission « Société, développement et paix » du Conseil œcuménique des Églises et effectue à ce titre de nombreux voyages en Afrique, à Madagascar et en Amérique du Sud. C’est d’un bout à l’autre du monde que Madeleine Barot met en oeuvre son sens de la solidarité avec les plus défavorisés et son combat pour les droits de l’homme – et cela, indissociablement pour l’honneur de l’homme et pour l’honneur de Dieu !
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