Dans les premières pages de la biographie qu’il rédigea, Un homme – Le pasteur Charles Wagner, son gendre le pasteur Wautier d‘Aygalliers écrivit après avoir détaillé le portrait de son beau-père : « Tout cet ensemble aurait quelque chose de dur sans ce sourire un peu malicieux et surtout cette rayonnante bonté, qui est la véritable beauté de ce visage trop rudement taillé. » Ce rayonnement de bonté, auquel furent sensibles tous ceux qui connurent le pasteur du Foyer de l’Âme puisait à plusieurs sources dont la plus ancienne, que l’homme ne cessa d’entretenir, coulait du bonheur de son enfance. L’exemple de sa mère à laquelle il dédia un de ses ouvrages le plus célèbre : La vie simple lui apprit autant l’art de faire avec peu et presque rien que le goût de la persévérance et la force du courage. Son pasteur de père entretenait de bonnes relations avec ceux qui pensaient et croyaient différemment de lui et l’avait ainsi rendu très tôt sensible à l’universalité et à l’unité de l’humanité, conviction sur laquelle Charles Wagner ne céda jamais. De cette enfance heureuse, il garda toujours une attention extrême aux enfants et à la jeunesse, que ce soit dans son ministère et dans sa collaboration intense au « Manuel général d’instruction primaire », avec une pédagogie innovante qui faisait place au mime, aux expériences pratiques et à l’imagination car, disait-il, « il faut que les enfants rient, sans cela ce serait la fin du monde ».
La nature contemplée avec émerveillement dans ses beautés et à laquelle le pasteur, même devenu parisien, revenait et se référait sans cesse représente certainement une autre source de sa bonté. Il recevait ressourcement, consolations, encouragements dans de longues marches solitaires. Ses écrits, poèmes et prédications furent souvent imprégnés d’images issues de la nature qui aiguisaient la sensibilité, la générosité et l’espérance de ce grand connaisseur de l’âme humaine. La beauté de la nature accompagna l’épreuve de la maladie et de la mort de son fils Pierre, terribles semaines au cours desquelles il écrivit les émouvantes et très belles méditations de L’Ami, ouvrage à la dernière page duquel il confessa : « J’ai été conduit à Toi par la fleur des champs et l’étoile du ciel ».
Car bien sûr, c’est dans la foi en un Dieu bon que la bonté de Charles Wagner trouva sa source principale, dans « l’immense bonté qui souriait dans le regard de Jésus ». Le théologien fut certainement l’un de ceux qui donnèrent à cette conviction de foi la plus vaste ampleur : il ne peut y avoir de limite à la divine bonté, sans quoi ce serait autre chose que de la bonté. Dans ses prédications, au caractère moral prononcé, les conséquences de la bonté de Dieu sont déployées dans l’humanité en équité, en générosité, en solidarité, en tolérance, en union, en réconciliation. « Sois bon, pour remédier à la méchanceté des méchants, pour la réparer et la racheter », exhortait-il dans sa prédication « Parle pour le muet ». Le pasteur consacrait ainsi une large part de son ministère à « raccommoder la porcelaine des cœurs humains » : entretiens dans son bureau, au chevet des malades, et une correspondance importante, aussi avec des personnes inconnues qui cherchaient réconfort et conseils. Ainsi écrivait-il à une amie éprouvée : « Ne pensons pas à Jésus comme à une haute personnalité confinant à la divinité, quoi qu’il le soit en effet ; mais pensons à lui comme à cet esprit familier et fidèle qui se fait homme avec nous et s’attache à notre destinée dans tous ses humbles détails. Partout où des âmes essaient de vivre dans cet esprit de bonté pour les hommes et de confiance en Dieu, cet esprit est là, au milieu d’elles, et les soutient. » Il en fut ainsi pour le pasteur Charles Wagner.
Ressources : A. Wautiers d’Aygalliers : Un homme – Le pasteur Charles Wagner et Le secret d’un grand ministère -Charles Wagner.
Charles Wagner : L’Ami et L’Évangile et la vie
Charles Wagner : L’Homme est une espérance de Dieu, anthologie
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