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Ce qui est semé croîtra Matthieu 13, 31-32

À chaque printemps, je m’émerveille ! Au début de la saison, il ne semble pas y avoir de vie dans le jardin. Et puis, vient un matin où, par la grâce de Dieu, on voit enfin les premières pousses vertes. À peine quelques semaines plus tard, le sol est couvert de verdure et les arbres ont des feuilles. Ce qui a été semé croît… de façon exponentielle ! Il faut donc faire attention à ce que l’on sème !
Dieu a créé l’être humain pour cultiver le sol et le garder (Ge 2, 15). D’aucuns diraient que ce que les êtres humains cultivent le plus dans nos sociétés du prêt-à-jeter, c’est le plastique. À un point tel qu’apparaissent même des îles, presque de nouveaux continents de matériaux toxiques, au milieu des eaux (voir Ge 1, 9). Ça ne fait aucun doute, nous devons réexaminer notre rapport à la Terre, ce jardin que Dieu a créé et nous a confié.

Dieu a créé l’être humain pour cultiver le sol (Ge 2,6). Le verbe hébreu `abad signifie servir. La même racine nous donne les termes serviteur et même esclave ailleurs dans les Écritures. Nous nous servons de la terre et de ce qu’elle produit non seulement pour répondre à nos besoins mais malheureusement aussi pour assouvir nos moindres caprices. Nous sommes faits à l’image et à la ressemblance de Dieu. Nous sommes faits pour servir la terre comme Dieu le fait… en semant d’infimes semences, des grains de moutarde.

Dans l’univers symbolique de Matthieu, le grain de moutarde est la plus petite des semences ; à l’instar de l’œuvre de Dieu dans nos cœurs et dans le monde, les débuts sont souvent très modestes, n’est-ce pas ? Cela ne signifie pas pour autant qu’avec le temps et par la grâce de Dieu, ce petit grain de moutarde ne prendra pas une place importante dans le jardin. La plus petite des semences produit la plus grande des plantes potagères. (Les derniers seront les premiers, vous vous souvenez ?)

Il ne faudrait toutefois pas laisser la croissance spectaculaire retenir trop longtemps notre attention comme si le dessein de Dieu pour le jardin pouvait se résumer à la seule croissance exponentielle. Au commencement, Dieu n’a-t-il pas fixé des limites à sa création, n’a-t-il pas aussi instauré le sabbat ? La croissance, oui, mais pas à n’importe quel prix. La croissance n’est pas une fin en soi. Le grain de moutarde semé devient la plus grande des plantes potagères (lachanon en grec, mot qui désigne toute plante en pot, herbes, légumes). Le grain de moutarde tombe en terre, est enseveli, et se transforme en nourriture pour le monde. C’est ainsi que les êtres humains doivent servir la terre. C’est ainsi que Jésus est venu servir, en donnant sa vie pour la multitude (Mt 20, 28). Le grain de moutarde sert aussi à d’autres fins. Une fois que la plante a poussé ses branches abritent les oiseaux. Le but de la croissance n’est pas d’abord de devenir la plus grosse plante du jardin… mais bien de déployer ses branches pour accueillir les oiseaux. N’est-ce pas cela le Royaume de Dieu parmi nous ? Il est là où l’on crée des espaces habitables, où l’autre peut faire son nid (Kataskenoo en grec signifie planter sa tente, fixer sa demeure, reposer). Quels genres d’oiseaux auraient besoin d’un endroit où faire leur nid ? La réponse va varier selon les lieux et les époques. Matthieu voyait peut-être des non-juifs qui cherchaient à se faire une place au sein de la majorité juive de la communauté chrétienne de son époque. Et nous, quels oiseaux migrent vers nos jardins cherchant un lieu habitable où faire leur nid ? Plutôt que de multiplier les plastiques qui ne peuvent pas soutenir la vie, semons nos graines de moutarde !

Et si nous étions, nous-mêmes, ces grains de moutarde dont parle Jésus ? La graine de moutarde se transforme en plante potagère. Et si Jésus appelait ses disciples à se laisser transformer afin de servir la terre, nourrir les multitudes et créer des espaces d’accueil, de repos et de refuge ? Même si nous avons l’impression d’être presque invisibles dans l’immense jardin que Dieu a créé, par la grâce de Dieu, ce qui est semé croîtra. u

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À propos Darla Sloan

Avant d’être consacrée pasteure en 2001, Darla Sloan 17 a enseigné le français et l’anglais. Au fil des ans, elle a exercé son ministère dans différents milieux (paroissial, universitaire, hospitalier et carcéral). Elle est actuellement pasteure de l’Église Unie Saint-Pierre et Pinguet, deux paroisses dans la grande région de Québec.

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