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Le Dieu incroyable de Jésus-Christ

 

(Mt 21, 31) : « En vérité, je vous le déclare, collecteurs d’impôts et prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu. » (Lc 7, 33-34) : « En effet, Jean le baptiste est venu, il ne mange pas de pain, il ne boit pas de vin, et vous dites : « il a perdu la tête ». Le Fils de l’homme est venu, il mange, il boit, et vous dites : « Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des collecteurs d’impôts et des pécheurs. »

Dans l’Ancien Testament, le peuple infidèle d’Israël est souvent comparé à une prostituée (cf. Osée 2, 7). La prostituée est donc le paradigme de l’abomination morale, de la débauche et de l’infidélité à Dieu. Jésus, quant à lui, dira par contre, au grand dam de tous les religieux et « des gens comme il faut », que les prostituées et les collecteurs d’impôts (ces scandaleuses pécheresses et ces collabos voleurs et impurs) nous précèdent dans le Royaume de Dieu ! On peut mesurer à cette seule parole, la révolution inouïe que Jésus opéra dans l’idée qu’on se faisait de Dieu et de notre rapport à lui. Le spécifique chrétien ne résiderait-il pas, précisément, dans ces paroles et le comportement déconcertant de Jésus à l’égard des pécheurs et du péché ? Il me semble que ces choses sont trop peu soulignées dans nos trop sages prédications d’aujourd’hui.

Ce sont de telles paroles et de telles attitudes de Jésus qui me permettent de croire en son Dieu au regard du moralisme banal de notre religion commune, car son Dieu n’est vraiment pas banal. En effet, ce que Jésus disait de Dieu était si original et si déplacé par rapport à ce qu’on a l’habitude d’en dire, qu’ on n’a pas pu le suivre très longtemps sur cette voie : « ce langage est trop fort ! Qui peut l’écouter ? » (Jn 6, 60). Jésus subvertissait l’idée de Dieu, l’ordre religieux et l’ordre civil, que ce soit celui qui règne à l’intérieur de soi, celui de la famille, ou celui du groupe social auquel on appartient. La bonne nouvelle annoncée par Jésus est que le Royaume est là pour tous, il est là pour les lépreux et les paralytiques, il est là pour les mécréants, pour ceux qui ne connaissent pas la Loi et pour les pécheurs, oui, pour les pécheurs. Par conséquent, tous vont pouvoir guérir, être libérés et retrouver la Vie que Dieu désire pour eux. Non seulement, Jésus a enseigné cela particulièrement dans ses paraboles, mais il l’a fait. Il a partagé la table avec les pécheurs, sans y mettre de conditions préalables sinon de pouvoir manifester que Dieu est vraiment tel qu’il le dit. Ce comportement bouleversait l’ordre établi des relations entre un Dieu « trois fois Saint » et les hommes pécheurs. Et pour le manifester, il mange avec les impurs et les pécheurs, ne condamne pas les publicains, ni la femme adultère, ni les prostituées, ne tient pas compte des prescriptions morales et sociales de son temps et renverse les « murs de séparation » qui marginalisaient les pauvres, les ignorants, les hérétiques, tous ceux qui, selon la Loi, n’avaient pas droit à Dieu. C’est pourquoi Jésus de Nazareth a été éliminé par des croyants à cause de ce qu’il disait de Dieu : son Dieu ne pouvait être qu’un faux Dieu et son prophète qu’un pervers blasphémateur. Aussi fallait- il urgemment que cet homme meure. L’incident du Temple ne fut probablement qu’un prétexte pour l’arrêter, car il fallait impérativement que cet homme disparaisse puisqu’il disait sur Dieu et son attitude quant au péché et aux pécheurs autre chose que ce que Dieu était censé dire… Vraiment, ce blasphème méritait la mort, car l’honneur de Dieu était gravement en cause puisque « Dieu ne peut seulement pardonner que si l’on se repent après lui avoir offert les sacrifices qui conviennent ! » C’est ainsi qu’on l’a toujours fait, l’ordre social l’exige, le pécheur ne peut tout de même pas s’en tirer à si bon compte !

La prédication et la conduite de Jésus consistaient à affirmer qu’au regard de Dieu, nul être humain n’est condamné, fût-il le plus détestable pécheur à nos yeux ! Non, Dieu n’est pas le soutien absolu de notre ordre moral, il veut des hommes vivants et libérés des fardeaux qui pèsent sur eux. Il me semble que nous avons aujourd’hui toujours autant de mal à accepter son message et à le proclamer qu’en ce temps-là…

 

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À propos Michel Leconte

né en avril 1949. Diplômé de l’École de Psychologue Praticien en psychopathologie clinique, formé à la psychanalyse. Il a exercé son métier dans la Marine Nationale. D’origine catholique, il a re- joint l’ERF et son courant libéral en 1989.

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