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L’homme peut-il se reconnecter avec la nature ?

 

Campagne pour l’arrêt de la centrale nucléaire de Tricastin, France. Photo next-up.org

Campagne pour l’arrêt de la centrale nucléaire de Tricastin, France.
Photo next-up.org

Les relations de l’homme avec la nature ont beaucoup évolué au cours de son histoire. Après avoir subi et avoir domestiqué cette nature, les sociétés ont voulu s’en affranchir, sans se rendre compte que les lois physiques, chimiques et biologiques avaient leur propre logique et que des perturbations sévères pouvaient surgir.

Des recherches ont montré que les individus ne s’intéressent sérieusement aux questions environnementales que si elles sont concrètes, immédiates et locales. Or notre sujet est global, au sens géographique comme systémique, dans les relations homme-nature. Nous verrons successivement au cours de cette réflexion les constats experts d’un système-terre perturbé, la responsabilité humaine, les tendances prévisibles et l’émergence de signes positifs de mobilisation.

1. Un système-terre perturbé selon les scientifiques

Ce sont les conditions naturelles présentes à la surface du globe qui ont permis à notre planète sa spécificité et l’apparition de la vie telle que nous la connaissons. Le système-terre a connu une succession d’états d’équilibres à l’interface entre le sol et l’atmosphère (température, hygrométrie, en lien avec l’effet de serre naturel) favorables d’abord au développement de la diversité du vivant, puis, plus récemment, favorables au développement des sociétés humaines.

Depuis quelques décennies au plus, les chercheurs du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et de l’IPBES (équivalent international pour la biodiversité) mesurent et étudient finement les évolutions de cet état d’équilibre global et les conséquences de ses perturbations. Ces évolutions et perturbations s’apprécient à l’échelle globale et sur des temps assez longs voire très longs (depuis les dernières glaciations). Les experts ne se contentent pas d’analyser les évolutions, mais ils s’efforcent d’en déduire les conséquences selon différents scénarios, et esquissent aussi des solutions permettant d’y répondre.

Quels sont alors les principaux niveaux de risques collectifs attendus par les experts ?

Nous retiendrons cinq thèmes cruciaux :

 Le changement climatique tout d’abord

Le GIEC confirme le réchauffement terrestre qui s’accélère, et sa cause anthropique, c’est-à-dire la responsabilité humaine. Il constate en effet l’accroissement des teneurs de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère qui en sont responsables, et précise les contours et l’ampleur des menaces qui en résultent.

L’effet de serre dépend de la teneur en CO2 (gaz carbonique) et quelques autres gaz présents dans l’atmosphère. Cette teneur augmente rapidement depuis plus d’un siècle, la ligne rouge à ne pas dépasser se situant, avec plus ou moins d’incertitudes, dans une fourchette de 350 à 450 ppm (parties par million) de CO2 dans l’atmosphère :

– dès 350 ppm, des effets dommageables apparaissent pour quelques régions du globe, avec des canicules, des sécheresses (Australie), une faible disponibilité en eau pour les sociétés humaines en zones semi-désertiques, ou à l’inverse des inondations, ouragans et phénomènes extrêmes.

– et à partir de 450 ppm, ces effets seront dommageables partout sur l’ensemble du globe, avec une ampleur plus ou moins forte.

Or nous savons que nous avons déjà dépassé les 400 ppm, et nous avons constaté une augmentation de la température moyenne du globe de +0,85 °C par rapport aux premières mesures fiables à la fin du XIXe siècle !

C’est pourquoi la communauté internationale a fixé à +2 °C de réchauffement d’ici 2100 le seuil d’acceptabilité des risques (pourtant déjà significatifs pour certaines populations) afin de maintenir des capacités d’adaptation suffisantes pour l’essentiel des sociétés humaines sur terre.

Si nous n’agissons pas rapidement, les conséquences s’accroîtront pour les générations à venir, avec la multiplication des phénomènes extrêmes : inondations, ouragans, sécheresse… Déjà, nous le savons, des signes sont visibles puisque les vingt dernières années ont été les plus chaudes en moyenne mondiale depuis plus d’un siècle.

 L’érosion de la biodiversité

Les experts constatent un taux d’érosion actuel des espèces 10 à 100 fois supérieur à ce qui était connu ces derniers millénaires : on parle alors de la sixième extinction des espèces (la précédente étant celle des dinosaures), et cela concerne tous les milieux terrestres (destruction des forêts, morcellement des écosystèmes) et marins (acidification des océans, chute de 49 % des effectifs d’animaux marins en quarante ans…).

Mais plus grave, ce qui prime au-delà des espèces considérées individuellement, ce sont les fonctionnalités et les services fournis par les écosystèmes, c’est-à- dire les systèmes d’interdépendances entre les espèces, qui s’érodent de façon plus accélérée encore. Or ces écosystèmes fournissent des services naturels essentiels, par exemple la pollinisation par les insectes utiles à la production des fleurs, des fruits et des végétaux, la production de molécules pharmaceutiques, ou encore la régulation par les sols et leurs végétations des régimes hydrologiques. Ces services écosystémiques sont des biens communs nécessaires pour répondre aux besoins essentiels de l’humanité, aujourd’hui comme demain.

Il existe des interrelations très fortes entre le changement climatique et l’érosion de la biodiversité avec des conséquences pour les hommes, notamment un déficit de production alimentaire, des déficits en eau, et la modification des régimes d’écoulement des eaux et leurs conséquences sur l’agriculture comme sur les zones urbanisées…

 Les changements d’usage des sols

agissent également sur le changement climatique et la biodiversité :

Les modifications des usages liées à l’urbanisation croissante et à l’artificialisation des sols, la déforestation, le retournement des prairies, la monoculture… augmentent significativement les émissions de CO2, réduisent la fixation de CO2 par les plantes, et détruisent la biodiversité.

L’impact est global, et direct sur le changement du climat, même aux échelles régionales. En Afrique équatoriale comme en Asie du Sud-Est, le taux moyen de couvert forestier, favorable à la fixation du CO2 comme à la biodiversité, est tombé actuellement à 60 % à cause d’une déforestation visant à satisfaire les besoins de bois ou d’huile de palme partout dans le monde !

Transgresser ainsi les grands équilibres se répercutera progressivement sur les sociétés humaines et conduira potentiellement le système-terre dans un nouvel état. Les pertes économiques mondiales liées aux seules catastrophes climatiques (ouragans, inondations, incendies) sont passées de 50 à 200 milliards de dollars en 30 ans (de 1980 à 2012), selon l’information donnée par les sociétés de réassurance au Forum économique mondial de Davos, qui alertent donc les acteurs économiques.

 Le gaspillage des ressources naturelles

Plus avant, la consommation excessive des ressources fournies par la nature et la perturbation des cycles naturels de l’azote et du phosphore limiteront les capacités de développement futur et perturbent déjà les équilibres. Les phosphates assurent par exemple la fertilité des sols mais, utilisés en excès, ils dégradent les milieux naturels (érosion des sols, perturbation des cycles biogéochimiques, pollution des rivières, des écosystèmes et des littoraux, eutrophisation et acidification des océans) ; par ailleurs la diminution rapide du stock des mines de phosphates risque d’entraver les besoins futurs et de poser des problèmes pour la sécurité alimentaire.

Nous pourrions faire le même raisonnement pour l’utilisation intensive, par l’agriculture et l’élevage, de nappes phréatiques géologiques non renouvelables, souvent afin de satisfaire les marchés des pays développés ; l’espérance de vie de ces nappes se réduit très rapidement, à quelques décennies, ce qui déstabilisera probablement les activités humaines et les sociétés rurales dans le futur. De même les matériaux et les métaux rares utiles à l’industrie sont en partie gaspillés dans un modèle d’économie linéaire : extraction, transformation, usage, déchets et pollutions, sans ménagement pour les usages futurs de la ressource.

 Les risques sanitaires et technologiques

Les scientifiques le disent : la pollution atmosphérique, les molécules de synthèse, les nanoparticules, les perturbateurs endocriniens dispersés dans l’air ou les aliments… contribuent aux maladies émergentes d’expositions environnementales.

Et nous le savons maintenant, après avoir pu « maîtriser » la nature, les progrès de la science et de la technique vont permettre de renforcer les qualités et caractéristiques humaines intrinsèques : détections des anomalies physiologiques, mais aussi manipulations génétiques, homme augmenté… sans pouvoir apprécier a priori à la fois les avantages et les externalités individuelles ou sociétales induites par ces progrès.

Face à ces évolutions, les communautés humaines peuvent agir de deux manières complémentaires : l’atténuation des causes et l’adaptation aux conséquences qui ne pourront toutes être évitées. Ainsi, plus nous agirons rapidement et fortement sur les émissions de gaz à effet de serre, mieux cela sera pour tous, et a contrario si nous n’agissons pas suffisamment pour changer les trajectoires nous serons face à l’incapacité collective à s’adapter à un changement climatique trop important (on parle de +4 à +5 °C en 2100) avec des risques graves pour les plus faibles, mais aussi des conflits pour l’accès aux ressources, et des risques géopolitiques.

 2. L’homme responsable, une question éthique

Selon les scientifiques l’homme serait devenu, au delà de ses horizons temporels à taille humaine, force géologique ! Voyons comment :La terre date de plus de quatre milliards d’années, l’apparition de la vie de plus d’un milliard, et celle de l’Homo sapiens, qui a très longtemps vécu en étroite interdépendance avec la nature, de quelques millions d’années. Le chasseur-cueilleur a laissé la place au pasteur- cultivateur et gardien de la nature dont il dépend il y a tout au plus 10 000 ans.

Mais une accélération notable tout à fait récente a marqué l’empreinte de l’homme sur cette nature. Cette empreinte socio-économique depuis le milieu du XVIIIe siècle est à la fois due à la croissance de la population mondiale et à la croissance économique : consommation d’énergie, urbanisation, transport, construction de barrages… s’y sont démultipliés.

Ce n’est qu’après le milieu du XXe siècle que les premiers scientifiques se sont inquiétés des tendances évolutives du système-terre : érosion de la biodiversité, ozone stratosphérique, artificialisation des sols, gaz à effet de serre, hausse des températures, élévation du niveau de la mer…

L’homme serait devenu la principale force gouvernant le fonctionnement de la planète, du moins dans ses couches superficielles : l’humanité serait devenue force géologique !

Les scientifiques appellent « anthropocène » cette récente ère géologique dont la date d’origine fait encore débat : entre le début de l’ère industrielle et l’usage des bombes atomiques (Hiroshima et Nagasaki) dont les traces seront conservées durablement dans les sédiments.

Dès les années 1970 des philosophes et sociologues nous alertaient pourtant : Hannah Arendt, Jacques Ellul, ou Hans Jonas et son Principe Responsabilité : « Agis de telle sorte que les conséquences de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre. »

Ils s’interrogeaient sur les conséquences de nos comportements individuels et collectifs notamment dans l’usage des technologies et dans l’usage des clichés qui diminuent la conscience des actes, spécialement en termes de consommation (tout jetable, modes fréquemment changeantes, obsolescence).

Dans l’effervescence de l’amélioration des niveaux de vie, lors de la seconde partie du XXe siècle, la démesure a supplanté les réflexes antérieurs microéconomiques : au « ménagement » dans tous les sens du terme s’est substitué l’hubris (la démesure), le « toujours plus » et la quête de reconnaissance par l’acquisition et l’accumulation matérielles.

Plus récemment, et afin d’y apporter une réponse, des philosophes et sociologues nous invitent à développer la frugalité heureuse, et l’exercice de la responsabilité individuelle, chacun à son échelle, pour contribuer au mieux vivre ensemble.

C’est le sens du récent manifeste écologique de la Fédération protestante de France à propos du changement climatique : prendre soin de la planète, la partager et la transmettre, en fondant nos comportements sur la dignité de tout être humain, la justice intergénérationnelle, sociale et planétaire, et la sobriété. Et bien sûr, tout récemment, c’est aussi le message engageant de l’encyclique du Pape Laudato si’.

 3. Les tendances prévisibles

Selon les travaux de l’ONU, du PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement), du GIEC… la démographie mondiale va augmenter et l’urbanisation s’accélérer (par exemple : en Chine passage de 1/3 à 2/3 d’urbains en 50 ans, de 1990 à 2040). Les classes moyennes vont croître au plan mondial de 2 milliards à 5 milliards d’individus en 20 ans (entre 2010 et 2030) avec l’élévation associée du niveau de consommation de matières et de ressources.

C’est pourquoi, si nous conservons le modèle de développement actuel et le généralisons, la consommation de matières et d’énergie sera multipliée par trois environ en 50 ans (entre 2000 et 2050) : minerais et minéraux industriels, matériaux de construction, ressources halieutiques, énergies fossiles… et la température augmentera de 4 à 5 degrés d’ici la fin du siècle.

Déjà des crises locales y sont a priori liées, par exemple : sécheresses successives en Syrie de 2007 à 2010, provoquant des problèmes d’alimentation et de subsistance, des mouvements sociaux et le déplacement de plus d’un million d’habitants.

L’élévation du niveau des océans est annoncée de 60 à 80 cm en 2100, mais de 3 mètres en 2300, et bien davantage ensuite car les effets, même après stabilisation des émissions, se feront sentir pendant des siècles. Or les grandes villes et les populations sont très largement fixées sur les littoraux.

Les conséquences d’ores et déjà prévisibles doivent être prises en compte sans tarder pour certains territoires : insécurités alimentaires, mobilités des populations, surtout à l’intérieur des pays, mais aussi migrations au-delà. Dans un rapport d’octobre 2012, l’ONU « appelle la communauté internationale à reconnaître que la migration est une partie de la solution aux défis mondiaux de l’environnement […] face aux millions de sinistrés la souveraineté territoriale ne devrait pas être un obstacle permanent à la migration ».

Les prévisions ne sont peut-être pas des certitudes mais les risques qu’elles adviennent sont cependant bien réels. L’inaction aurait un coût financier et sociétal important, certains parlant même à terme d’effondrement possible des sociétés.

Pour le moins, ces risques toucheront une part non négligeable de l’humanité, et l’autre part n’en sortira pas indemne !

 4. Des signes positifs de mobilisation

 4-1. La transition souhaitable est cependant esquissée

Permettre un développement adapté aux besoins de l’humanité qui ménagerait la nature avec laquelle elle doit composer, et qui consommerait beaucoup moins de ressources, nécessite d’engager un grand découplage, et une transition sociétale plus globale.

Pour cela il faudra réduire drastiquement les prélèvements sur les ressources naturelles d’un facteur 4 à 5 selon les experts, et arrêter toute émission de gaz à effet de serre avant la fin du siècle. Ceci signifierait de laisser inexploités dans le sol à la fois 1/3 du pétrole, 1/2 du gaz, et 80 % du charbon pourtant disponibles, au profit de l’utilisation d’autres sources ; on comprend que cela sera difficile.

Il faut se préparer à un changement du modèle énergétique qui conduit le développement actuel de nos sociétés ; ce sont des défis à la fois :

– technologiques pour penser des infrastructures et des biens à longue durée de vie, améliorer l’efficacité énergétique et promouvoir la sobriété dans les prélèvements sur la nature.

– économiques pour financer et inciter, grâce à un prix mondial du carbone représentant le coût des dommages associés aux GES : le pétrole n’est paradoxalement pas assez cher pour inciter aux changements, et bénéficie de six fois plus d’aides publiques que les énergies renouvelables ; et pour stimuler les innovations sur les champs économiques, sociaux, environnementaux.

– mais aussi sociaux : il faut adapter nos modes d’organisation et nos modes de vie pour parvenir à une prospérité nouvelle et sobre. Ces adaptations perturberont inévitablement des modes de vie et des positions acquises, ce qui nécessitera un accompagnement collectif et une attention particulière aux populations les plus défavorisées pendant ces phases de transition.

La question essentielle pour orienter ce nouveau modèle est la suivante : quels seraient les objectifs à atteindre pour obtenir le bien vivre individuel et une prospérité collective soutenable, et quels indicateurs pour en rendre compte ?

D’éminents chercheurs et leurs équipes ont formulé ces dernières années des propositions auprès des décideurs : Nicolas Stern a calculé (2009) qu’il suffit d’investir 2 % par an du PIB mondial pour éviter une récession mondiale de 5 à 20 % provoquée par un changement climatique, pourtant limité à +2 degrés. Amartya Sen de son côté a élaboré des indicateurs, au-delà du PIB, pour évaluer une vie bonne, c’est-à-dire des indicateurs de qualité et non pas seulement de quantité pour servir la croissance.

Ces orientations devraient permettre d’entrer progressivement mais résolument dans une transition sociétale à la fois écologique, énergétique, économique et sociale. Les Européens l’ont parfois appelée dans les discussions internationales une « économie verte et inclusive », c’est-à-dire prenant en compte les externalités environnementales et les fragilités sociales. Il s’agit, au-delà du seul sujet des énergies renouvelables, de développer les nouvelles économies : économie circulaire (recyclage, réusage, réemploi…), économie de la fonctionnalité (s’intéressant aux usages – covoiturage, vélib – plutôt qu’à l’appropriation de biens), économie collaborative, biomimétisme… qui sont censées « décarboner » l’atmosphère et développer les services en optimisant la consommation des ressources naturelles.

 4-2. des actions publiques sont engagées au niveau global

Depuis les accords de Rio les réunions internationales se succèdent, et des accords se profilent car il y a maintenant une certaine conscience du risque pour l’humanité.Cette année verra l’adoption par l’ONU des dix-sept objectifs universels du développement durable – les ODD 2016/2025 – qui se substitueront aux objectifs du millénaire pour le développement adoptés en 2000 pour les seuls pays en développement. Ils visent « Une vie décente pour tous : éradiquer la pauvreté et offrir au monde un avenir durable ».

Nous attendons aussi bien sûr beaucoup de la COP 21 sur le climat à Paris en décembre prochain. Il faudrait y obtenir un accord global et contraignant, altruiste et cosmopolite, limitant le réchauffement à +2 degrés, avec la mise en place d’un financement de 100 milliards de dollars chaque année (le fonds vert) au bénéfice des pays les plus concernés par la justice climatique, afin que tous s’adaptent à la nouvelle donne. Mais ce sera difficile car les conséquences du changement climatique réellement sensibles par les peuples sont à l’horizon de quelques décennies, alors que la conduite des affaires économiques, politiques et sociales concerne des horizons beaucoup plus courts.

 4-3. Un certain frémissement de la société civile

Il faut y tendre l’oreille avec optimisme car selon un proverbe africain : « On entend le fracas des arbres qui tombent ; mais pas le murmure de la forêt qui pousse. »

Des expériences tout à fait positives, partout dans le monde, sont engagées depuis quelques années par des ONG, des entreprises, des collectivités locales, pour infléchir notre pensée habituelle du développement. Elles seront rendues visibles à l’occasion de la COP 21 sous le titre « Solutions 21 ».

L’impératif est surtout d’élever les capacités (capabilités) individuelles et collectives à penser et vivre autrement, d’encourager les engagements citoyens, et de réduire le déficit démocratique pour faire suffisamment pression sur les décideurs sur ces thèmes ; car qui peut se projeter et représenter les intérêts des générations futures ?

La mobilisation du consommateur/citoyen est en effet le seul vrai levier pour faire bouger les responsables économiques et politiques afin d’imaginer le projet social de demain, permettant de garantir « la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre ». Ce projet sera fondé sur la responsabilité et l’équité : équité entre les pays, équité intergénérationnelle et équité inter-espèces.

Partout des hommes se lèvent pour faire entendre cette voix.

L’homme déconnecté de la mémoire de ses origines et de son lien avec les ressources qui le font vivre a provoqué des modifications de la biosphère qui pourraient lui être préjudiciables. Pour en corriger la dérive et assurer les générations futures, il doit se reconnecter avec cette nature et renverser les manières de penser, réinventer son imaginaire et son projet

A lire l’article de Marie-Noële Duchêne  « Écologie, limites et partage » et de Laurent Gagnebin « Un Dieu de toute la création »

 

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À propos Bernard Brillet

est Inspecteur général au Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. Il est aussi membre de la commission éthique et société de la Fédération protestante de France.

Un commentaire

  1. feriaud.pierre@gmail.com'

    Bonjour,
    Ce texte est bien argumenté, l’auteur apparaît de « bonne Foi ». Sa logique et sa rationalité implacables en font un tout imprenable qu’il est difficile de « disloquer ».
    Mais quelque chose me laisse un goût d’amertume et un sentiment que ce texte est partial, univoque, tourné vers la conquête du lecteur pour qu’il se soumette aux arguments. J’allai presque dire que ce texte est « politique » et lorsque j’ai vu la fonction de Bernard Brillet, cette conviction s’est renforcée.
    Certes , on est bien d’accord: le développement est « infini », les ressources de la planète sont » finies ». Donc un point de rupture sera un jour (s’il ne l’est déjà) atteint. Le Club de Rome en 1970 ne disait pas autre chose.
    45 ans que le problème est sur la table. Et pourtant ça continue….

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