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William Hunt, Lumière du monde 1851-53

291-24-2Au Moyen Âge, ont dit les « préraphaélites » anglais, les peintres exprimaient une spiritualité, une profondeur de sentiments qui a été occultée ensuite par une pure recherche esthétique. C’est Raphaël (1483-1520), « le plus grand peintre de tous les temps » qui a fait perdre à l’art sa dimension spirituelle.

C’est ainsi que le jeune William Hunt (il avait 24 ans) a rassemblé autour de lui dans les années 1850 avec Dante Rossetti, Edward Burne-Jones et quelques autres, un petit groupe de peintres récusant dans leur recherche commune d’authenticité humaine la froideur et le conformisme de l’ère victorienne et de l’Église anglicane.

Ils étaient manifestement dans la ligne du puritanisme méthodiste, frère du calvinisme français, suisse, écossais et hollandais.

Le grand Christ, placé aujourd’hui dans la cathédrale anglicane Saint-Paul de Londres, scandalisait à l’époque les bien-pensants par la profondeur de son regard qui interroge l’âme du visiteur avec une indiscrétion que ne se permettaient pas les cérémonies anglicanes en comparaison bien froides et stéréotypées.

– Le regard du Christ fixe, certes, le visiteur avec sérieux mais il est fraternel, sans menace ni reproche, ni rien de culpabilisant.

– Sa main frappe à une porte, citation de la parole biblique :

 Voici, je me tiens à la porte et je frappe. si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi. (Ap 3,20)

On comprend que cette porte est inutilisée depuis longtemps, qu’elle n’est jamais ouverte. Les herbes hautes qui ont poussé contre le battant le montrent. Chacun s’y projettera à sa manière, y verra ce que ses fantasmes lui inspirent. Cette porte peut être celle de notre monde, de notre cœur, de nos tabous, des blocages qui nous empêchent de vivre. Et voici que le Christ frappe afin qu’elle s’ouvre à des réalités libres et sans doute souriantes. Chacun, dans sa propre méditation, pourra y voir ses espérances.

– L’obscurité et la lumière. Hunt a donné pour titre à ce tableau « La lumière du monde » et la lumière y rayonne effectivement à partir de la lanterne du Christ qui éclaire le chemin, en révèle les pierres aiguës et les cailloux brillants. La lumière brille aussi partout : sur le visage du Christ, sa main qui frappe et singulièrement sur la porte qui s’ouvrira peut-être, sur sa robe et son manteau. On ne sait si c’est la nuit ou le jour mais il est sûr qu’une lumière surnaturelle donne une réalité nouvelle à un monde bien obscur.

On pourra, ici encore, évoquer sa propre vie peut-être vécue dans les ténèbres angoissantes de l’incertitude, de la médiocrité ou de l’échec, à laquelle l’ouverture à la présence divine pourra rendre son humanité oubliée.

C’est toute son espérance et sa foi que Hunt a inscrites dans ce tableau : espérance apportée à l’homme angoissé par l’union fusionnelle que le Christ nous propose fraternellement et puissamment dans la foi.

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À propos Gilles Castelnau

a été pasteur de paroisse à Amsterdam et en Région parisienne. Il s’est toujours intéressé à la présence de l’Évangile aux marges de l’Église : aumôneries militaires, de prison, universitaires, Croix Bleue. Il anime depuis 17 ans le site Internet Protestants dans la ville.

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