À la suite des propositions pour le synode, nous découvrons le souci de l’EPUdF d’être à la fois plus missionnaire et plus accueillante. Il est question des temples, de les rendre accessibles, chaleureux, bref d’en faire des lieux dans lesquels chacun se sentira bien. Nous parlons de bâtis, de pierres, d’un patrimoine immobilier qu’il n’est pas toujours aisé de faire vivre. Et pourtant, tout croyant n’est-il pas un artisan du patrimoine vivant qu’est l’Évangile ? Au-delà de l’analogie avec un label valorisant la transmission d’un savoir-faire, ne sommes nous pas les artisans d’un patrimoine qui ne peut être que vivant puisqu’il se transmet par la parole ? Et je pousserais l’image plus loin, puisqu’on nous parle de bâtiments, soyons les pierres vivantes de l’Église ! Complexité du chemin qui mène jusqu’à nos temples.
Cet appel d’une épître de Pierre (1 P 2,5) nous exhorte à ne pas limiter l’Église à des murs. L’Église, ce sont les croyants ; aussi, elle peut être partout ; là où le souffle de ses membres emplit leurs poumons et en est expiré. Mais un seul, porté par la communauté, est aussi une pierre vivante et crée un espace de l’Église. Il s’agit non pas de construire un mur mais d’être des pierres fondatrices. Ainsi, l’Église pourrait se manifester partout et non pas seulement dans ses temples. Difficile en effet d’atteindre une communauté de croyants, géographiquement. Même si les lieux sont, idéalement, facilement identifiables et accueillants. On demande aux personnes en recherche de faire la démarche de nous atteindre et de, peut-être, nous rejoindre. Mais comment trouver ces communautés ? Comment favoriser le déplacement physique, géographique, qui doit être le corollaire d’un cheminement spirituel ? N’est-ce pas là beaucoup demander ? Présumer des forces de ceux qui sont en chemin ? Minimiser voire ignorer les obstacles qui émaillent leur chemin ? L’habitude de la fréquentation de nos temples nous empêche certainement de voir la complexité du chemin qui mène jusqu’à ces lieux. Ces obstacles peuvent être variés : méconnaissance de la religion, bien sûr, mais aussi héritage culturel ou spirituel encombrant, ou difficulté à entreprendre et parcourir seul un tel chemin. D’ail-leurs, Jésus ne s’est pas installé dans la grande ville de Jérusalem, dans une artère passante, pour atteindre les foules qui, ayant eu vent de son enseignement, seraient venues jusqu’à lui ! Il a passé son ministère sur les routes, les chemins, sillonnant les terres et les rives. Il s’y est arrêté, comme au bord des champs, pour interpeller les uns et les autres et les appeler à sa suite. Alors, pour se souvenir de ce mouvement, notre Église nous appelle à être missionnaire ; oui, mais « missionnaire » comment ? D’abord en apprenant à parler de notre foi pour que nos paroles deviennent aussi des invitations à suivre Jésus. Mais aussi, en sortant de nos temples pour nous adresser au monde, cet espace qui attise aussi bien passion que répulsion.
Rejoindre son prochain sur son lieu de travail Mais je propose d’aller encore plus loin : allons rejoindre notre prochain là où il se trouve. La proposition n’est pas nouvelle mais c’est une habitude qui s’est perdue. Comme cela s’est fait massivement au début du XXe siècle : réinvestissons le monde ! Aumônerie scolaire, hospitalière… rejoignons notre prochain sur son lieu de travail ; mettons-nous sur son chemin, comme le fait l’Escale1 depuis plusieurs années. Investissons le champ numérique, comme l’expérimente l’e-glise2. Imaginons des tiers-lieux qui déclineraient l’Évangile dans le quotidien, alliant attention aux plus petits, préoccupation écologique et parcours théologique. Face aux difficultés de notre temps, aux violences sociales et morales que beaucoup endurent, face à une angoisse de l’avenir qui n’a en rien disparu 23 ans après le passage à l’an 2000, rappelons-nous que nous, croyants, tenons entre nos mains un formidable cadeau qui porte nos vies. Notre foi nous soutient et nous sommes timides à montrer ce trésor. Mais allons, utilisons notre liberté qui nous enseigne que l’Église, ce sont les croyants, pour porter l’Église au-devant de nous et la faire advenir là où nous prendrons le temps de parler d’elle. À chaque fois que moi, pierre vivante, je prendrai le temps de m’arrêter pour partager ma foi, alors l’Église pourra rejoindre mon prochain.
1. L’Escale : https://lescaleportroyal.com/
2. L’e-glise : https://www.e-glise.fr/
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