plus besoin de la nommer pour la réclamer. Depuis quelques jours, une simple feuille blanche suffit. Tenue entre les mains de Chinois, contestant pour la première fois depuis Tienanmen la dictature qui les oppresse, cette feuille blanche hurle, à la place de leurs bouches, celle qui leur manque tant : la liberté. En France, écrite sur les frontons de tous les bâtiments publics, sa puissance s’est peu à peu effacée. Comme un aliment que l’on mange tous les jours et dont on ne parvient plus à apprécier la saveur, tant le goût nous est devenu familier. Née dans la promesse de Dieu à son peuple, offerte en France à tout le peuple au moment de la Révolution, qui est-elle pour nous aujourd’hui ? Une orpheline, comme ses sœurs égalité et fraternité ? Où est-elle cette liberté au goût de sel pour les croyants que nous sommes ? Comme pour la beauté de la création, nous devrions rendre grâce chaque jour pour cette liberté qui nous a été offerte. Liberté de se tenir devant Dieu, acquise dans la confiance de sa présence inébranlable à nos côtés. Liberté de citoyen qui peut à la fois pratiquer sa religion, penser comme il l’entend, se déplacer comme cela lui chante. Cette liberté n’est pas un absolu ni un blanc-seing. La liberté nous oblige ; liberté doit rimer avec responsabilité et disons-le, avec fraternité. Notre liberté ne peut se penser que dans une liberté collective où la reconnaissance de l’autre lui permet aussi d’être libre. Bien sûr, l’apôtre Paul s’invite dans ces mots. Nous pourrions aussi nous tourner vers Pascal pour lequel Dieu est « le libérateur », celui qui nous affranchira de nos vaines servitudes humaines. Mais tâchons de ne jamais perdre du regard cette liberté partagée et imaginons-la aussi belle que la chevelure des Iraniennes flottant au vent.
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