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Noël en prison

 

Quel conte ont construit Matthieu et Luc, pour décrire comment on peut être coincé sans recours ?

Ils ont raconté que Marie et Joseph avaient été éloignés de leurs familles, de leur parenté, de leurs amis, de leur lieu de vie, exclus par des règlements administratifs idiots. Les voilà seuls, ne pouvant plus rien choisir, verrouillés par la loi d’urgence de l’accouchement, enfermés dans leur isolement, ruminant leur aventure dans le refuge des bestiaux.

Une naissance devrait être une fête de famille, de retrouvailles, de bénédiction, d’espérance, de joies et plaisirs familiaux. … Ni un parent, ni un copain n’était là ce soir-là. Mais vinrent des gens inconnus, des exclus, des Am Ha-aretz, des bergers qui ne pouvaient respecter le sabbat car il faut traire tous les jours, et d’autres gens qui lisent l’avenir dans les étoiles et non pas dans les paroles des prophètes.

Fuyards de la police, ces SDF ont pu s’évader avant que les policiers de Hérode ne viennent massacrer leur môme.

Solitude et baluchonnage obligé. Noël rappelle le conte d’un isolement terrible. Un moment où la prison est plus pesante que jamais, Une période de désespoir jusqu’au suicide. Des visiteurs de prison, gens bizarres, insensés, des aumôniers et même des pasteurs qui feraient bien mieux de s’occuper de leur paroisse, des vieux, qui feraient bien d’organiser des fêtes et autres saynètes, perdent leur temps à voir des irrécupérables « qui n’ont que ce qu’ils ont bien cherché », ou « celles et ceux qui n’ont que ce qu’ils méritent ».

Le Noël que nous racontent Matthieu et Luc peut-il être nommé : joyeuse fête de la famille ? Ce moment de l’isolement, de la prison et de la solitude vécu par Joseph et Marie, qu’est-il pour ceux qui vivent isolés, enfermés, réduits au désespoir et au suicide ? Qu’en eux naisse l’espérance d’une vie nouvelle, révélatrice de joie et de libération inconditionnelle, comme cela fut il y a deux mille ans.

Ce texte a été écrit par Hugues Vertet, aumônier à la Centrale d’Yzeure. Ma rencontre avec lui, pendant les années 1989 à 1991, est à l’origine de mon ministère pastoral spécifique en prison. Son texte n’a pas pris une ride. Agnès Adeline

 

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À propos Hugues Vertet

était archéologue. Il a été conservateur du Musée de Constantine, Algérie et du Musée départemental de la céramique de Lezoux, Puy-de-Dôme (1966-1990). Il a également été aumonier à la prison d'Yzeures, Allier

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