J’ai furieusement envie de justice !

«Il relâcha celui qui avait été mis en prison pour sédition et pour meurtre, et qu’ils réclamaient ; et il livra Jésus à leur volonté. » (Luc 23, 25)

 Je suis furieux, car c’est injuste ! J’ai beau savoir que Dieu, avec la mort et la résurrection de Jésus, a renversé les choses du monde pour nous accorder une espérance possible, je ne peux m’empêcher d’être furieux des êtres humains qui continuent à faire régner la terreur et l’injustice.

 Notre condition humaine semble être de provoquer l’injustice, d’être « peccator » – pécheur – nous dirait Luther, et cela me fâche. Pourtant cela ne devrait pas, car c’est un fait. Comme les sages ne sont pas furieux, en prenant de l’âge, je devrais apprendre la sagesse ! C’est en tout cas ce que nous disent les rabat-joie pour nous culpabiliser. Eh bien non !

 Pour ma part, et je ne dois pas être le seul, je crois que tant que cette colère contre l’injustice résonne en moi, c’est qu’il y a justement de l’espérance, que la résignation n’a pas pris le dessus.

 Alors, tant que je serai furieux de voir ce vieux monsieur fouiller dignement dans la poubelle de ma rue pour trouver de quoi survivre, c’est que je reste humain et que j’espère. Tant que la mort absurde de cet enfant malade m’apportera des larmes aux yeux de douleur et d’impuissance, c’est que je reste humain, croyant qu’une aube nouvelle peut se lever. Tant que la situation de cette femme, rouée de coups bien qu’aimante encore, me fera serrer les poings de fureur sans nom, c’est que je reste humain, croyant que Dieu est tout aussi fou de rage, mais qu’il retient mes mains pour que je ne sois pas pire que ce mari qui n’a rien compris à l’amour. Tant que… l’injustice me touchera, c’est que je crois que tout est encore possible. Sans doute le « simul justus » – en même temps juste – de Luther qui me garde.

 Au cœur de mes paradoxes d’humain, je sais que Dieu persévère à m’aimer et à me faire confiance, malgré la part de Judas ou de Pilate en moi. Dieu espère en moi. Alors que ma colère vive librement pour me permettre d’agir !

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