Alain Mahaud : Quelle est l’histoire de l’Y.M.C.A. de Paris ?
Pierre Gomard : L’Union Chrétienne de Jeunes Gens (UCJG) de Paris fut en 1852 la première association de jeunesse fondée en France, à l’initiative de jeunes étudiants protestants qui souhaitaient créer un lieu d’accueil, d’entraide et de partage ouvert à tous les jeunes gens, sans considération d’appartenance religieuse ou autres. Elle était très active au sein du mouvement des YMCA, fondé à Londres et qui s’est très rapidement implanté aux États-Unis. À Paris, l’UCJG s’est développée dans les domaines du sport, de la culture, et de l’action sociale. C’est dans ses locaux que fut signé en 1855 l’acte constitutif de l’Alliance Universelle des YMCA, premier mouvement associatif à caractère mondial qui, par sa pédagogie innovante dans les domaines liés au corps, à l’âme, et à l’esprit, allait connaître un très vif développement dans le monde. Depuis 160 ans, l’UCJG de Paris a ainsi rassemblé autour d’elle des milliers de jeunes gens de toutes origines et de tous pays.
A.M. : Quelle est l’activité aujourd’hui de la UCJG Paris ?
P.G. : Fidèle à sa mission, elle héberge des étudiants et des jeunes travailleurs dans ses trois foyers parisiens représentant au total 264 places. En complément des chambres, la rue de Trévise accueille également une quarantaine d’associations, un théâtre et des activités culturelles et sportives diverses. Par ailleurs, presque l’ensemble de ses locaux est ouvert à la location pour des événements exceptionnels (conférences, tournage de films, etc.). C’est une association laïque mais où les valeurs protestantes auxquelles se référaient les membres fondateurs ou associés (Henry Dunant, Pierre de Coubertin, par exemple) ont toujours leur raison d’être.
A.M. : Quand a été construit ce bel immeuble du 14 rue de Trévise ?
P.G. : Conçu par l’architecte Émile Bénard, et financé grâce à la générosité du public et de mécènes français, anglais et américains, l’immeuble, de près de 3 500 m2 est un témoin du modèle architectural YMCA au service de la jeunesse. Il réunissait pour la première fois en France dans un même lieu : gymnase, restaurant, bowling, piscine, salons de réception, salle de conférence, concert et théâtre, bibliothèque et chambres.
A.M. : Un projet de rénovation de l’immeuble du 14 rue de Trévise est en cours, en quoi consiste-t-il ? P.G. : Le bâtiment est inscrit sur la liste supplémentaire des Monuments Historiques pour « l’originalité et la rareté de ce complexe social, éducatif et sportif ». Notre projet est donc de restaurer un bâtiment exceptionnel qui dispose d’un gymnase historique toujours en activité, où le basket-ball, inventé par les YMCA en 1891 aux États-Unis, fut introduit pour la première fois en France en 1893, d’un théâtre de 270 places, d’une des premières piscines couvertes de Paris – aujourd’hui désaffectée – et d’un ancien bowling. Les travaux consistent à renforcer la structure, restaurer verrières, pavés de verre et vitraux, rénover les espaces patrimoniaux (théâtre, gymnase, piscine) et optimiser les dispositifs de sécurité et d’accessibilité.
A.M. : Ce projet a-t-il une dimension sociale ?
P.G. : Oui. Nous voulons que ce bel espace rénové soit un lieu ouvert sur le monde où l’apprentissage, la rencontre, l’ouverture, le partage, le dialogue soient favorisés. Au cœur du 9e arrondissement, ancré dans la vie du quartier, il offrira espaces culturels, sportifs, de travail, de logement, de réflexion, de création, de détente. Nous voulons aussi que son public soit représentatif d’une mixité sociale, intergénérationnelle, culturelle et géographique. Sa vocation, tournée vers la jeunesse et l’international, sera mise au service des habitants du quartier et de la ville, et de jeunes gens venus de province et de l’étranger pour suivre des activités et développer des projets. L’association compte obtenir le soutien de partenaires publics et d’entreprises et pour boucler le financement, elle a aussi besoin de la générosité du public et a lancé dans ce cadre une collecte de fonds par le biais de la Fondation du Patrimoine.
Propos recueillis par Alain Mahaud
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