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La Mission Populaire de Trappes chrétiens et athées à l’œuvre ensemble

 

Alain Mahaud : Depuis quand existe la Mission Populaire de Trappes ?

 Valérie Rodriguez : Une paroissienne protestante qui était pharmacienne dans le quartier des Merisiers a fait, pendant longtemps, en plus de son activité de pharmacienne, un gros travail d’accompagnement social car il n’y avait pas encore, à Trappes, de structure pour apporter ces services et cette aide. Au milieu des années 1970, le besoin d’aide s’accroissant, elle fit appel aux paroisses protestantes autour de Trappes. Ensemble, elles ont interpellé l’Église Réformée de France et finalement, un projet s’est monté, avec le concours du centre œcuménique local, emmené par le prêtre catholique de Trappes, mais aussi avec le soutien de la Mairie. C’est donc grâce à un travail en commun entre protestants, catholiques et une mairie communiste, qu’a finalement vu le jour notre Mission Populaire. Même si le chemin suivi a été celui de toutes les Fraternités, ici, la situation est très atypique, puisque les bénévoles sont des protestants, des catholiques, et quelques athées aussi, qui sont au service d’une population majoritairement musulmane.

 A.M. : Quelle est votre singularité ?

 V.R. : Nous avons la chance d’être implantés au rez-de-chaussée d’un immeuble d’habitation, au plus près des habitants. Les personnes qui viennent nous voir sont donc suffisamment en confiance pour partager des choses plus personnelles, des questions autour de la religion par exemple, ce qui n’est pas le cas ailleurs. Nous avons beaucoup d’échanges apaisés autour des notions de pardon, d’amour, de respect, de liberté, sur ce qui rapproche ou différencie nos religions aussi.

A.M. : Quelles sont vos activités majeures ?

 V.R. : Les activités les plus importantes sont le soutien scolaire et les ateliers de français ; il y a aussi, pour les enfants, de la programmation informatique, des ateliers comportementaux pour les aider à savoir rester concentrés. Nous avons mis en place le « Café des parents » sur les thèmes de l’alimentation, du diabète, du rapport à l’école. Notre objectif n’est jamais d’être donneurs de leçons, mais bien d’informer des personnes qui, sans cela, n’auraient pas accès à ce type de sensibilisation.

 A.M. : Comment avez-vous fonctionné pendant la période de pandémie ?

 V.R. : Lors du premier confinement, la plupart des associations étaient fermées. Il n’y avait plus beaucoup de vie sociale, les gens étaient enfermés chez eux, isolés. La première urgence a été de s’occuper de ceux qui n’avaient plus rien à manger. Avec d’autres associations, nous avons fourni de quoi manger notamment aux trois hôtels sociaux de Trappes, dans lesquels vivent des demandeurs d’asile et des personnes hébergées par le Samu social. Nous avons aussi fourni et expliqué les attestations de sortie aux personnes qui ne savent pas lire le français. Et puis, très vite, nous avons repris, à distance, les cours de soutien scolaire. Tous les jours, nous avons appelé les enfants dont nous nous occupons pour savoir s’ils avaient besoin d’aide. Nous avons aussi participé à la fabrication de masques. Nous avons également prêté des tablettes pour pouvoir permettre aux enfants de suivre les cours à distance.

 A.M. : Que retiendrez-vous de cette période ?

  V.R. : Peut-être la reconnaissance des personnes que nous avons aidées. Les habitants ont bien vu que la Mission, mais aussi d’autres associations, avaient fait tout ce qu’elles pouvaient pour préserver un îlot de vie, pour aider, accompagner. Je retiendrai aussi des prises de conscience, notamment chez les jeunes gens, qui ont regardé différemment les personnes âgées et la fragilité qui était la leur à cause de l’épidémie. De beaux élans de solidarité aussi : des familles qui faisaient du couscous et qui allaient le porter au personnel soignant de l’hôpital de Trappes. Je soulignerai aussi le fait que beaucoup ont découvert que demander de l’aide, ce n’est pas honteux. Mais il faudra aussi faire tout notre possible pour qu’une certaine forme de peur disparaisse. Il faut que nous retrouvions confiance dans l’autre, que nous cessions de le considérer comme un danger

(propos recueillis par Alain Mahaud)

 

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À propos Valérie Rodriguez

Après des études de Lettres Modernes, Valérie Rodriguez 13 a passé deux ans en coopération à Madagascar avec le Defap. Elle s’est ensuite formée à l’humanitaire et au développement. Elle a travaillé successivement pour le CCFD – Terre solidaire, pour l’Adie (Association pour le Droit à l’Initiative Economique), pour Frères des Hommes. Après 1 année à la mairie de Trappes, elle est depuis 8 ans à la Fraternité Mission Populaire de Trappes, dont elle est la directrice.

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