Demeurer en Dieu Jean 14,2

Nexiste-t-il qu’une seule voie d’accès au Père ? Si oui, qu’en est-il de tous ces humains qui ont précédé sa venue et des non-chrétiens ? À quelques heures de sa mort, Jésus livre à ses disciples son testament spirituel. Pour ceux qui ont eu le privilège d’accompagner des personnes en fin de vie, vous savez que de nombreuses personnes sont comme saisies par une vérité profonde, une proximité avec le sens du mystère profond de la vie.

Voilà qu’en ce moment bouleversant, Jésus parle de demeurer dans la maison du Père. Le mot « maison » en grec peut également signifier famille ou désigner toutes les personnes qui vivent sous le même toit. Une famille, un toit qui abrite beaucoup de demeures dit le Christ. Je n’entends pas qu’il y a beaucoup de places dans la maison de Dieu, mais beaucoup de manières de demeurer en Dieu. À l’image du ciel immense au-dessus de nous qui abrite de nombreuses demeures sur terre. Oui, je crois qu’il existe autant de manières de demeurer en Dieu, sous le ciel étoilé et intérieur, qu’il y a d’humains et ce depuis toujours, même avant le Christ…

« Les gens sont parfois pour moi des maisons aux portes ouvertes. (…) Dans chaque maison l’aménagement est un peu différent, pourtant elles sont toutes semblables et l’on devrait pouvoir faire de chacune d’elles un sanctuaire pour toi, mon Dieu. Et je te le promets mon Dieu, je te chercherai un logement et un toit dans le plus grand nombre de maisons possible. » écrit la philosophe mystique Etty Hillesum dans son journal en 1943, alors qu’elle travaille dans un camp à Westerbork.

Son expérience rejoint pour moi l’enseignement du Christ : « Moi, JE SUIS chemin, vérité et vie. » Le premier mot c’est MOI, ego en grec, qui apparaît 21 fois dans l’extrait chez Jean, c’est dire son importance. Peut-être avez-vous aussi ce sentiment durant la lecture qu’au bout d’un moment on ne sait plus si on parle de Jésus, de Dieu ou de moi ? Car il ne s’agit pas ici de Costanotre petit ego, mais bien d’un Moi supérieur comme l’écrit le psychanalyste Carl Gustav Jung, ou de l’Ego divin de Lytta Basset. Les disciples juifs du Christ ont forcément reconnu la formule de la Bible hébraïque de Dieu se révélant à Moïse : « Moi JE SUIS », le fameux tétragramme sacré hébraïque pour dire l’Imprononçable.

Et Jésus d’ajouter « Le Père et Moi ne faisons qu’UN ». Autrement dit, Dieu demeure en Jésus car Jésus demeure en Dieu et ils sont UN. En Christ, le ciel et la terre sont unis, l’humain divinisé, le divin humanisé. Et si nous remplacions le mot signifiant JE SUIS par Dieu ? « Dieu est Chemin, Vérité, Vie. » Sentez-vous alors ce mouvement, cet élan vivant ? Car la vérité n’est alors pas d’adhérer à une formule religieuse exacte, elle se trouve entre le cheminement et le mystère de la Vie. Le pasteur genevois Henri Babel écrivait aussi « Dieu c’est la vie vécue en profondeur. »

« Oui, je vous le dis c’est vrai : la personne qui me fait confiance fera aussi les œuvres que je fais. Elle en fera même de plus grandes, parce que je vais auprès du Père. »

C’est écrit là noir sur blanc ! Nous sommes invités par le Christ à suivre ce même chemin d’Unité en Dieu dans notre vie. À laisser Dieu demeurer en nous et à nous laisser demeurer en Dieu. Il suggère que nous avons des capacités totalement sous-estimées par nous-mêmes dans cette voie. Parce que nous doutons ? Parce que nous avons peur de ce que la puissance d’Amour de Dieu pourrait faire à travers nous ?
Cette voie du Christ est unique pour moi et c’est la raison pour laquelle je suis chrétienne. Mais j’ai aussi rencontré de nombreuses personnes non-chrétiennes, habitées par cette même Présence divine d’Amour dans d’autres traditions. L’une n’exclut pas d’autres. À chacun de trouver sa demeure, son JE SUIS en Dieu, en sororité et fraternité, comme enfants de la même Source en qui tout est UN.
C

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