L’insistance du christianisme sur la parole de Dieu se fonde sur la Bible qui, dès ses premières lignes, révèle que Dieu agit par la parole. Sans imaginer Dieu comme un être possédant des cordes vocales et articulant des syllabes, je conçois Dieu comme ce qui est source de paroles créatrices. Dieu désigne ces paroles qui nous sortent du tohu-bohu, des situations dépourvues de sens. La parole exprime aussi bien ce qui est vécu actuellement que ce qui est souhaitable, ce qu’il nous est permis d’espérer. C’est par la parole que je peux communiquer mes sentiments, mes convictions, mes inquiétudes, mes réserves, mes élans, mes adhésions, toutes choses nécessaires pour vivre en bonne harmonie les uns avec les autres.
Les paroles divines qui me rejoignent augmentent ma perception du présent et ma compréhension de ce que pourrait être l’avenir. Ainsi, Dieu me sauve de l’absurde. Dieu, en tant que parole qui mène du chaos vers la vie, me sauve d’une vie dénuée de sens, ce qui serait une vie sans intérêt, une vie que je subirais, qui me ferait souffrir et qui ne m’offrirait pas les moyens de choisir ce qui est juste, ce qui est susceptible de me procurer davantage de satisfactions, ce qui est en mesure d’améliorer mes relations avec mes contemporains. Dieu, c’est ce qui me sauve du manque de paroles consistantes qui mettent le monde en lumière pour que j’y repère le chemin qui me conduira vers une existence marquée par le bonheur et la grâce. Dieu, c’est ce qui me sauve du manque de paroles qui font émerger un ciel nouveau, une terre nouvelle sur laquelle il est possible d’habiter autrement que selon le cours naturel des choses, c’est-à-dire la loi du plus fort, la logique du donnant-donnant : Dieu, en tant que parole ultime sur la vie, me permet de rompre le flot incessant et répétitif des actes de la vie quotidienne qui ne correspondent pas. Je deviens une instance de jugement capable d’orienter mes journées en fonction d’un idéal de vie.
Pour faire un don, suivez ce lien