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L’Humanité, condition du salut 1 Timothée 2,1-7

Homme de conviction et d’action d’après le portrait qui s’en dessine dans les Actes, Timothée fit partie de ces personnes qui évangélisèrent, encouragèrent et fortifièrent la foi des communautés fraîchement nées de la Parole. N’est-ce pas au fond le ministère de tout chrétien envers sa communauté ? Si une telle lettre a bien pour fonction d’envisager la construction de l’Église dans la durée, le fait qu’elle soit adressée à la deuxième personne du singulier invite chacun et chacune à se sentir concerné.

Débutant par une adresse initiale à Timothée, le texte passe bientôt à une exhortation collective. L’ensemble des membres de l’Eglise se trouve invité à faire « des requêtes, des prières, des supplications et des actions de grâce » : c’est à travers les étapes liturgiques d’un culte que tous sont appelés à faire corps, à devenir corps du Christ. Non seulement toutes et tous sont exhortés à être pleinement participants de ces actes, mais encore tous et toutes en sont au bénéfice. C’est en effet « au sujet de tous les êtres humains » (v.1) qu’il convient de se tourner ensemble vers Dieu. Voilà les lecteurs soudés, entre eux et envers les autres, par leur commune humanité. Et l’enjeu de cette commune humanité n’est rien de moins que le salut, qui revêt les dimensions concrètes d’une vie s’avançant dans la paix et la dignité.

Il est significatif qu’un « nous » apparaisse à cet endroit (v.2) : c’est que cette vie-là est possible pour autant qu’elle ne laisse personne de côté. Fort de l’expérience et du témoignage de Paul, l’auteur affirme que Dieu veut que tous les humains soient sauvés (v.4). Il reconnaît ensuite comme seul médiateur de la relation avec Dieu, l’humain Jésus, qui s’est donné pour tous (v.6). Et comme si cela ne suffisait pas, il ajoute que le message de salut est en train d’être annoncé aux nations, c’est-à-dire aux non-Juifs : à tous ceux qui étaient alors considérés comme en dehors de l’alliance de Dieu, à la mauvaise graine finalement, à ces gens qu’on pense sans foi ni loi et dont il n’y aurait rien à tirer.

Là où nous ressentons le besoin de nous identifier à des groupes, quitte à en exclure celui ou celle qui ne nous ressemble pas, là où nous pourrions nous complaire à nous reconnaître dans des communautés particulières, il nous est rappelé ici que nous n’avons pas à vivre d’une religion ou d’une appartenance quelconque, fût-elle au christianisme : la seule appartenance qui vaille est l’appartenance au genre humain. Cette appartenance est soulignée chez le Christ lui-même qui est d’abord qualifié d’être humain. Il nous est ensuite présenté comme le médiateur de la relation entre Dieu et les humains.

S’il semble être question ici d’un salut universel qui dépasse nos esprits de chapelle, on discerne dans le même temps l’idée d’une « grâce qui coûte » (D. Bonhoeffer). Le texte affirme que Jésus lui-même s’est donné en rançon, un mot qui vient dire le prix de notre salut. L’humanité de Jésus dit en contrepoint le prix de toute vie humaine ; de nos vies, en fin de compte. La bonne nouvelle, c’est qu’au-delà de tous les calculs possibles et en dépit de toutes nos faiblesses, nous avons de la valeur. Il y a dans nos vies de l’inestimable. C’est là une beauté sur laquelle il nous faut apprendre à ouvrir les yeux, une vérité à connaître et à faire connaître par notre témoignage.

Jésus-Christ est l’être humain qui, en donnant sa vie, nous a permis d’exister nous aussi comme des êtres humains : avec nos fragilités, avec l’inestimable trésor que nous portons dans nos vases d’argile (2 Co 4, 7). Car si l’appartenance au genre humain suffit pour être sauvé, remarquons qu’il s’agit aussi d’une condition nécessaire : c’est seulement en tant qu’êtres humains, marqués par la fragilité et la finitude, que nous pouvons accueillir la bonne nouvelle d’un salut. Sa croix sur nos toutes-puissances, voilà qui nous fait devenir humains.

 

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À propos Claire Desmesnard

Le leitmotiv des ONG de solidarité internationale « Leave no one behind » (ne laissons personne de côté) pour lesquelles Claire Desmesnard a travaillé quelques années l’a conduite vers la théologie. Elle est actuellement pasteure proposante dans l’Église Protestante Unie de Nîmes.

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