Faire prêcher les politiques

Jésus est clair sur les réfugiés, une question délicate en politique. Si vous hébergez un réfugié, alors vous m’avez hébergé, dit Jésus. Mais d’un autre côté, il y a la réalité quotidienne. Dans les années soixante-dix et quatre-vingts, il a été décidé d’héberger des réfugiés illégaux dans l’église remontrante d’Amsterdam. Cela a provoqué beaucoup de consternation et a coûté des dizaines de membres. L’église n’était plus un lieu de calme et de contemplation. Il y avait des tensions mutuelles. Des questions furent posées: sont-ils vraiment des réfugiés? Et est-ce un rôle pour l’Église de s’occuper de ces illégaux? Et l’Église s’est retirée loin de la politique, et dans un certain sens aussi, de la société.

En 2013, je suis devenu ministre de l’Église remontrante d’Amsterdam. Je suis moi-même socialement et politiquement impliqué. Comment recommencer à parler de questions politiques et sociales ? J’ai décidé d’inviter des politiciens à nous parler. Pas un jeudi soir pour une salle à moitié pleine dans l’église, mais un dimanche matin au cœur de la congrégation : un sermon basé sur la Bible, avec une certaine distance de la politique quotidienne, sans déclaration politique, et dans le but d’identifier ses propres croyances et d’interpréter les signes des temps. J’ai invité un représentant de chaque parti politique. Le premier a été immédiatement remarqué car il était un député d’origine islamique. Il a parlé magnifiquement sur l’histoire de l’exode d’Égypte.

Qu’est-ce que cette série de sermons a apporté? L’Église et la politique ont repris le dialogue. L’histoire biblique a été portée à la connaissance des politiciens de toutes confessions. Et les questions sociales ont été à nouveau discutées dans l’église, de manière apolitique. Bien sûr, il y a eu aussi des critiques, car la politique était littéralement en chaire. Cela reste un équilibre fragile. L’église est ainsi redevenue un lieu de réflexion sociale, et cela a été apprécié par un grand nombre de gens (souvent non membres de la paroisse). Nous invitons encore régulièrement des politiciens et penseurs à prêcher lors d’un service. Le mois dernier, le ministre des Affaires Étrangères Néerlandais Sigrid Kaag a prêché sur Michée 6,8. Cette formule est maintenant familière.

Je ne veux pas dire que toutes les Églises doivent adopter cette formule, mais cela représente pour moi un mouvement plus large. Tout d’abord, le contact entre la politique et l’Église doit être bon. L’Église est très proche des gens et entend des choses personnelles et délicates. Nous avons certainement une mission prophétique à cet égard. Deuxièmement, que l’Église ose parler de ses sources d’inspiration et veuille les partager, même avec des gens qui sont apparemment loin d’elle : nous avons une merveilleuse tradition. Et troisièmement, nous avons une perspective à offrir. Le discours politique est de plus en plus basé sur la peur et l’incertitude. L’histoire biblique parle de la confiance et indique une direction. Elle trace une route qui offre un meilleur avenir. Toutes les réflexions qui ont été faites le dimanche matin étaient d’un ton encourageant. Les politiciens ont parlé de leurs motivations et de leurs rêves, et ce sont toujours des histoires positives que vous n’entendez généralement pas dans les journaux et sur les réseaux sociaux. Je vois devant moi une Église impliquée socialement mais pas politiquement active. C’est une différence mince mais cruciale.

Nous avons une multitude d’histoires à offrir qui donnent une direction et dégagent de l’optimisme. Prenons cette tâche essentielle au sérieux, offrons de l’espace et faisons entendre notre histoire biblique !

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