Le verset 3,19 de la Genèse (« Tu mangeras ton pain à la sueur de ton visage ») semble bien éloigné de l’adage populaire selon lequel le travail, c’est la santé. La contradiction théologique n’est qu’apparente car manger sans rien faire dans le jardin d’Éden, était-ce vraiment une vie ? C’est avec le travail pour Adam et l’accouchement pour Ève, et par leur exclusion définitive du jardin d’Éden par le Seigneur, que commence leur entrée dans l’Histoire et que naissent les relations humaines hors du couple.
Dans le même ordre d’idées, on relèvera que l’Humanité débute dans un jardin pour s’accomplir, au livre de l’Apocalypse, dans une ville dans laquelle l’arbre de la connaissance est devenu l’arbre de vie et de la guérison des nations. Nous ne devons donc pas – et nous ne le pouvons plus – retourner au Paradis perdu du couple primitif mais, au contraire, nous avons à développer des rapports humains toujours plus nombreux et harmonieux.
Et dans la continuité de l’apôtre Paul, « que celui qui ne travaille pas, qu’il ne mange pas non plus » (2Th 3.10), les réformateurs ont souvent loué les vertus du travail. Luther utilisait le mot « Beruf », se traduisant littéralement par « appel » ou « vocation », et Calvin parlait du travail non plus comme du signe d’une malédiction, mais d’une bénédiction, ne niant pas la pénibilité du travail, mais la rattachant au péché et donc à la possibilité de la limiter.
Enfin, dans l’évangile selon Matthieu (20,1-16), la parabole des ouvriers de la onzième heure affirme que ceux-ci doivent percevoir le même salaire que ceux qui ont travaillé la journée entière puisqu’ils ont cherché toute la journée à louer leur force de travail sans trouver preneur. Ce récit est donc tout sauf un hymne à la fainéantise. Alors oui, le travail, c’est la santé… À condition qu’il y en ait pour tout le monde, qu’il ne soit pas (trop) pénible, qu’il soit correctement rémunéré, et que ceux qui en manquent soient accueillis et aidés.
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