Lorsqu’au Ier siècle, le christianisme est né, progressivement, au sein du judaïsme, il a eu pour habitude d’emprunter au vocabulaire politique grec des mots pour nommer ses nouveautés ou ses aspirations. Ainsi, il choisit le mot « Église » (ekklésia en grec) pour désigner son nouveau mode de rassemblement. Ce mot désignait la communauté des citoyens libres des cités grecques. Un programme déjà dans un mot ! Il fit de même pour penser sa vocation universelle. La finale de l’évangile de Matthieu indique symboliquement cette vocation : « Allez, faites de toutes les nations des disciples. » (Mt 28,19a). Universel donc, mais quel universel ? Le débat porta sur deux mots qui peuvent désigner cette vocation : « katholikos » qui a donné « catholique » et « oikouménè », qui a donné « œcuménique ». Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le premier mot est infiniment préférable au second. En effet, oikouménè désignait l’extension du territoire de l’empire, dans une logique de conquête. C’est donc d’un universel « centrifuge » qu’il s’agit : conquérir des terres et des âmes. L’ancêtre du colonialisme en quelque sorte. À l’inverse, katholikos désignait l’universel comme accueil. Chaque Église locale est parabole de l’universel : elle accueille l’autre dans la diversité des parcours et des origines. C’est l’universel qui vient à elle.
Selon l’origine des mots, je crois donc que l’Église a vocation à être « catholique », dans le sens de l’accueil universel, et qu’elle ne doit surtout pas être « œcuménique », dans le sens de la conquête et de l’imposition arbitraire d’une vérité, par essence faillible et partielle. Et si l’on rappelle que le mot « saint » signifie « qui appartient à Dieu », alors, oui, « je crois la sainte Église catholique ». Paradoxe des mots !
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