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La Cimade dans l’action secrète

 

Tout le monde connaît la Cimade par l’intense activité qu’elle déploie aujourd’hui en faveur des réfugiés qui cherchent une place dans notre pays. Certains se rappellent l’origine de la création de la Cimade, au début de l’occupation allemande, pour venir au secours des réfugiés alsaciens, lorrains et allemands qui fuyaient le régime nazi, puis pour cacher et faire passer en Suisse les juifs persécutés. On connaît moins toute l’action de la Cimade pour venir au secours des exilés de l’Europe de l’Est, des Vietnamiens ou des personnalités inquiétées pendant la guerre d’Algérie.

Mais très peu de personnes connaissent cette extraordinaire aventure clandestine menée par la Cimade en 1961 pour sortir du Portugal soixante étudiants du Mozambique, de l’Angola et du Cap Vert menacés de prison ou même d’exécution par la dictature de Salazar, en raison de leur soutien aux mouvements de libération dans leurs pays respectifs.

Alerté par l’Église méthodiste américaine, le Conseil œcuménique des Églises avait demandé à la Cimade d’organiser l’évasion vers la France de ces étudiants très menacés. Celle-ci a donc mis en place toute une organisation clandestine, aidée pas quelques pasteurs américains (qui ont écrit le livre) et de pasteurs sur place, au Portugal et en Espagne. Il fallut faire fabriquer des faux papiers, préparer minutieusement tous les détails de l’opération, louer des voitures, trouver des chauffeurs et du financement. Heureusement, les méthodistes américains ont beaucoup aidé.

Tous les hauts responsables de la Cimade se sont investis dans cette aventure rocambolesque mais audacieuse et courageuse, car les étudiants et leurs secouristes de la Cimade risquaient gros. Après de minutieux préparatifs, un premier convoi de 19 personnes réussit à parvenir en France. Mais un deuxième convoi fut demandé et plus il se préparait, plus le nombre d’étudiants volontaires pour fuir augmentait. Ce deuxième convoi de 41 étudiants fut arrêté à la frontière espagnole et mis en prison avec les accompagnateurs de la Cimade. L’affaire remonta jusqu’à Salazar et Franco et même jusqu’au général de Gaulle, tenu au courant par Couve de Murville, ministre des Affaires Étrangères via Boegner, président de la Cimade. Ils furent rapidement libérés. Arrivés en France, chacun rechercha sa voie : étudier dans le pays d’accueil ou dans d’autres pays. Ou bien retourner dans leur pays d’origine pour participer à leur libération. Certains devinrent même ministres ou présidents de leur jeune république.

 Un vrai roman policier et un bel exemple de l’engagement des chrétiens ouverts sur les problèmes du monde. Charles R. Harper, William J. Nottingham, Opération Angola, soixante étudiants africains exfiltrés du Portugal de Salazar, Paris, L’Harmattan, 2017, 188 pages.

 

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À propos Henri Persoz

est un ingénieur à la retraite. À la fin de sa carrière il a refait des études complètes de théologie, ce qui lui permet de défendre, encore mieux qu’avant, une compréhension très libérale du christianisme.

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