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L’épuisement des sentiments

 

L’ode à l’amour de la première épître aux Corinthiens est un passage bien connu du Nouveau Testament. Il s’achève en cette envolée splendide : « (l’amour) pardonne tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne succombe jamais. » (1 Co 13, 7-8). Pourtant, qui n’a pas connu de revers amoureux ? Qui n’a pas expérimenté un amour qui succomberait ?

 À lire ces lignes, tout amour qui échoue n’en serait pas un, d’amour ? Il faut plutôt penser que tout amour qui échoue n’en est pas un, d’échec.

 L’amour de Dieu est invincible, mais l’amour que nous partageons – pour puissant qu’il est – ne peut qu’être marqué par la faillibilité de son émetteur. Et si le sentiment ne saurait être effacé par le ressac d’une vague, les conditions de son espérance et de son partage excèdent notre seul pouvoir. Sans cesser d’aimer, car l’amour ne succombe jamais, il faut parfois reconnaître notre impuissance humaine à en faire advenir les concrétisations mortelles et remettre la garde de celui ou celle qu’on a aimé entre les mains de Dieu.

 Le Christ nous invite à « aimer notre prochain », mais cet appel serait affreusement incomplet si on en oubliait la seconde partie : « comme nous-mêmes ». L’amour n’est pas un sacrifice doloriste : l’amour d’autrui ne peut être envisagé sans amour de soi, il ne s’agit pas de s’immoler pour autrui, mais d’aimer et d’être aimé en fraternité, c’est-à-dire en égaux. Et qui pourrait se croire l’égal d’autrui quand on s’en pense le salut ?

 Parfois, il y a dans l’échec apparent d’un amour mortel plus de volonté éternelle qu’on ne pourrait le croire. Ce revers nous rappelle que ce n’est pas parce que nous aimons que nous sommes Dieu. Il nous rappelle que si l’amour est tout-puissant, nous ne le sommes pas nous-mêmes.

 Que l’amour est une espérance qui se fane parfois comme fanent « les roses de septembre ». Que l’amour ne succombe jamais en lui-même, mais qu’il peut cesser d’être en actes, comme les fleurs fanent. Mais qu’une rose fanée n’en cesse pas moins d’être une rose

 

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À propos Maxime Michelet

est étudiant, diplômé d’un master d’Histoire contemporaine à la Sorbonne ; issu d’une famille de tradition athée, il a rejoint le protestantisme libéral à l’âge adulte à travers le temple de l’Oratoire du Louvre de Paris.

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