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L’Europe, une construction progressive

 

La phrase du général de Gaulle est célèbre. « On peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant l’Europe ! l’Europe ! l’Europe !… mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien. » Son propos ne saurait naturellement être résumé à cette seule expression. À la suite de cette phrase bien connue, Charles de Gaulle affirme que l’Europe doit être une construction progressive, dans laquelle les pays apprennent à vivre et agir ensemble. Que cela mène à une confédération dans un futur quelconque, il ne s’y oppose pas. Le coeur de son discours est d’opposer les réalités aux chimères. Alors ne sautons pas comme des cabris. L’Europe n’est pas une formule magique. Elle ne peut pas non plus être une construction simple et évidente. Ce continent est aussi étroit que son Histoire est vaste et tumultueuse et une Europe qui se bâtirait sans tenir compte des réalités (et des difficultés) européennes irait – à coup sûr – droit dans le mur.

« Faire Europe » est un défi vertigineux et enthousiasmant qui vient interroger tous les peuples au plus intime de la question de leur identité. Un défi dont il serait bien présomptueux de croire connaître la conclusion exacte. L’Europe est un chantier permanent, une vaste cathédrale à l’édification de laquelle il faut travailler sans pouvoir en connaître la forme finale ni même savoir si les fondations sont assez solides pour soutenir l’édifice. On parle souvent de rêve européen (et à raison). Sans doute devrions-nous également parler d’audace européenne car il faut une part d’intrépidité pour oser ce projet continental. Il ne fallait manquer ni de courage ni de vision pour l’embrasser au lendemain du plus dévastateur des conflits. Il en faut encore aujourd’hui pour lui conserver confiance et espérance.

La construction européenne nous pose le défi de la communauté : comment peut-on vivre ensemble, dans la paix de nos existences et la souveraineté de nos consciences ? Comment peut-on faire coexister dans une union si rapprochée tant de Nations si différentes et jalouses de leur identité ? Il y a là tout le défi de l’altérité, que d’aucuns – nombreux aujourd’hui – ne parviennent à voir autrement que comme un péril. Accepter le défi de l’Europe c’est croire qu’il y a, au-delà de nous, au-delà de nos identités et au-delà de nos réalités, la possibilité d’une fraternité plus grande. Il ne s’agit pas d’édifier un État-Nation européen tel que les peuples en ont construit au cours des deux derniers siècles – et ainsi de remplacer les dites Nations – mais de s’autoriser à penser que l’Histoire ne connaît pas d’autre terme que celui des volontés humaines. Et d’oser chercher, sans certitude de les trouver, un sens et une réalité qui viendraient dépasser, sans les annuler, ce que certains voudraient figer pour l’éternité. L’Histoire de l’Europe n’est pas terminée.

 

À lire les articles de Olivier Abel  » La question européenne «  et de Pierre-Olivier Léchot  » L’Europe comme patrie « 

 

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À propos Maxime Michelet

est étudiant, diplômé d’un master d’Histoire contemporaine à la Sorbonne ; issu d’une famille de tradition athée, il a rejoint le protestantisme libéral à l’âge adulte à travers le temple de l’Oratoire du Louvre de Paris.

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