Une théologie, c’est une manière de penser et de comprendre Dieu (autant que faire se peut, bien entendu, car il nous dépasse et nous échappe au moins en partie). Elle est un travail de l’intelligence qui met en œuvre une réflexion parfois élémentaire et simpliste, parfois approfondie et rigoureuse, allant dans certains cas jusqu’à une extrême subtilité.
Une théologie, c’est aussi une manière de vivre sa relation avec Dieu, autrement dit, son action et sa présence dans notre existence. Elle relève d’expériences banales ou extraordinaires, elle s’exprime dans des sentiments (ou des états de conscience) et elle s’inscrit dans des comportements. Toute foi est théologique ; les croyants sont « tous théologiens », comme l’a souligné Raphaël Picon.
On s’égare quand on oppose ou qu’on sépare théorie et pratique. Entre l’abstrait et le concret, entre le pensé et le vécu, entre les idées et les émotions, il y a « concrescence », un mot employé dans les pages qui suivent. Il désigne, selon les dictionnaires, la « croissance commune et mélangée de plusieurs organes ». On parle de concrescence quand deux entités vivantes se relient l’une à l’autre et se développent ensemble, en restant distinctes mais en se complétant et en se fortifiant mutuellement dans un échange constant. L’expérience religieuse sus- cite, anime et vivifie la réflexion sur Dieu. La réflexion sur Dieu façonne, enrichit et améliore l’expérience religieuse. De même, notre conception de Dieu est en concrescence avec les événements et les rencontres qui tissent notre quotidien. La théologie est tout autant affaire de vie que de pensée. L’une ne va jamais sans l’autre ; si la vie et la pensée ne cessent de bouger, d’évoluer, de se modifier, leurs mouvements se font toujours conjointement.
Pour parler de la théologie du Process, on peut analyser et exposer les conceptions de Dieu, du monde, de l’homme et du Christ qui en font l’originalité. On privilégie alors le versant universitaire, sans oublier pour cela le versant existentiel. C’est ce que font mon livre Le dynamisme créateur de Dieu et celui de R. Picon, Le Christ à la croisée des religions, tous deux publiés aux éditions Van Dieren. On peut aussi, sans négliger les dimensions intellectuelles, insister sur les expériences personnelles ou communautaires. C’est le choix de ce dossier dont le titre « reflets d’existence » indique bien l’intention : décrire la théologie du Process à travers une trajectoire personnelle, un ministère pastoral, un « vivre ensemble » ecclésial. On s’aperçoit que des études d’une haute rigueur intellectuelle correspondent à des processus dynamiques concrets qui tirent ou attirent (c’est le sens du mot anglais lure) nos existences vers un mieux, vers le haut, vers une intensité et une joie plus grandes
À lire les articles de : Andrew Rossiter “Une réflexion collective “ et “Le Process et les relations humaines” , Dominique Penninckx » Le Process : un chemin de vie ?« , Maryse Korslund et Lynne Levesque “ La théologie du Process en Église “
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