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Herméneutique

 

Giambologna, Mercure volant. Bronze, 1574. Photo C.C. Wikimedia

Parmi les gros mots de la théologie figure « herméneutique ». Dans la mythologie grecque, Hermès faisait le lien entre le monde des dieux et celui des hommes. De ce nom, Hermès, est tirée l’herméneutique qui est la science de l’interprétation : il s’agissait autrefois de comprendre le monde des dieux et leur volonté ; aujourd’hui, il s’agit de comprendre le monde d’un texte, par exemple d’un texte biblique.

Le christianisme a développé l’art de l’interprétation autour de quatre sens à repérer dans les textes étudiés, que Nicholas de Lyre (1270-1349) résuma ainsi : « Le sens littéral nous indique ce que Dieu et nos pères firent. L’allégorie nous montre où notre foi se dissimule. Le sens moral nous fournit les règles de la vie quotidienne. Le sens anagogique1 désigne la fin ultime de notre recherche. »

C’est le théologien protestant Friedrich Schleiermacher (1768-1834) qui renouvela cette science de l’interprétation en abordant la Bible comme on le ferait de tout autre texte. Pour cela, il insista sur la nécessité de connaître la langue employée (approche grammaticale) et de prendre en compte la biographie et la vie intérieure de l’auteur à partir de l’ensemble de ses écrits (approche psychologique). Ainsi, un passage ne peut être correctement compris s’il est isolé de son contexte culturel et de l’œuvre à laquelle il appartient.

Le débat fait rage parmi les herméneutes pour savoir s’il est vraiment possible de comprendre un texte ou s’il restera toujours une distance infranchissable, une limite à la compréhension véritable. Le philosophe Paul Ricœur (1913-2005) fera de cette distance possible la liberté pour le lecteur de s’approprier le texte. Selon lui, le texte devient autonome de son auteur et donc de son intention initiale. Par conséquent le texte n’est pas uniquement une pièce de musée qui contiendrait la pensée du passé : le texte « désigne un monde possible ». Autrement dit, Ricœur propose une lecture en avant, qui n’est pas sans rapport avec la tradition juive pour laquelle un texte est contemporain du lecteur, même s’il a été écrit il y a plus de deux mille ans. C’est ce que nous a montré le rabbin Yann Boissière dans sa conférence aux journées Évangile et Liberté 2017. Ce texte, qui est la mise par écrit de sa conférence, est sujet à de multiples interprétations qui, comme pour tout texte, en disent souvent plus sur le lecteur que sur l’œuvre étudiée

1 En théologie, l’anagogie renvoie à l’interprétation d’un texte afin de passer du sens littéral à un sens spirituel.

À lire l’article de Yann Boissière  «  Les bases de l’interprétation des textes dans le judaïsme « 

 

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À propos James Woody

Pasteur de l'Église protestante unie de France à Montpellier et président d'Évangile et liberté, l'Association protestante libérale.

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