En ce passage imaginaire entre une année qui meurt
et une autre qu’on croit nouvelle,
j’aimerais émerger enfin de ce marécage verbeux où
s’enlisent mes jours.
J’en ai assez d’être enfermé,
les oreilles et la tête pleines de trop de mots
qui tournent et qui s’emmêlent.
Trop de phrases jargonneuses, raisonneuses,
creuses et répétitives.
Trop de formules politiques ou publicitaires,
menteuses et sentencieuses.
Trop de discours codés privés d’air et de rire.
Trop de fausses évidences banalisantes qui
dévorent les rêves.
Trop de paroles qui jugent, qui classent, qui blessent
et clouent le cœur.
Je voudrais remonter les courants de paroles
vers la source, le filet d’eau claire qui chante
encore la vie.
Quand le bourdonnement des mots fermés
ne sera plus qu’un murmure de vagues qui se perdent,
alors, dans les refuges du silence,
monteront en moi les chants des profondeurs.
Alors naîtront les mots vivants qui percent la mort,
les paroles aventureuses où s’élargit l’espace.
Alors j’entendrai les voix de l’espérance,
et le Souffle m’emportera.
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